L'éducation (suite)

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Derniers de la classe

Durant près d'un mois, enseignants et parents d'élèves se sont opposés à la carte scolaire 2006. Le débat, parfois houleux, a surtout mis en relief les insuffisances d'une école corse à la traîne.

Additions, soustractions, équations à multiples inconnues. Entre les suppressions de postes, les fermetures de classes, les effectifs en baisse, en hausse, les gels et les blocages, les discussions se sont le plus souvent résumées à une bataille de chiffres confuse. Mais, après un mois de mobilisation en Haute-Corse et dans une moindre mesure, en Corse du Sud, et une couverture médiatique quotidienne, une chose est sûre : plus personne, sur l'île, ne risque de confondre la carte scolaire avec un simple titre de transport en commun pour écoliers.

Le rôle de cette carte scolaire : le déploiement des postes de personnel enseignant et d'encadrement dans les différents établissements d'un département. Selon les besoins et les fluctuations des effectifs d'élèves, des classes sont fermées, et d'autres, ouvertes ailleurs. Un exercice effectué avant chaque rentrée scolaire par l'inspecteur d'académie et qui ne cause en général pas vraiment de remous.

Sauf que, à la rentrée 2006, le ministère de l'Education nationale a décidé de supprimer purement et simplement 13 postes sur l'ensemble de la Corse dans le primaire ; cinq en Haute-Corse et sept en Corse-du-Sud. Le calcul est vite fait. Il devra donc y avoir treize fermetures de plus que d'ouvertures en septembre prochain sur l'ensemble des deux départements. Si, dans le sud, la mobilisation est modérée - l'inspecteur d'académie ayant pioché dans les postes techniques (psychologues, chargés de mission, de coordination...), ne menaçant pas directement les écoles - dans le nord, en revanche, la riposte ne se fait pas attendre. Parents d'élèves et enseignants se regroupent, bloquent les routes, occupent les bureaux de l'inspection d'académie.

Le bras de fer va durer un mois. La carte scolaire qui sera officialisée par Michel Reymondon, l'inspecteur d'académie de Haute-Corse ménagera la chèvre et le chou, maintenant de nombreuses classes menacées, conservant la majorité des classes du rural, l'une des principales revendications des associations et de l'intersyndicale, et répartissant les suppressions entre enseignants et postes techniques. « C'est un aveu, triomphaient alors les représentants des syndicats. Aujourd'hui, au vu de la situation en Corse, impossible de faire l'impasse sur cinq postes d'instituteurs. D'autant qu'à moyens constants, on a déjà du mal à obtenir de bons résultats. »

Et, effectivement, l'académie de Corse est loin de décrocher le tableau d'honneur. Elle aurait même depuis longtemps confisqué le bonnet d'âne. Les comparaisons avec les autres académies du pays sont sans équivoque. Des plus petites classes aux plus grandes, tous les indicateurs sont dans le rouge. Lors des évaluations effectuées en CE2, puis en 6e, en français et en mathématiques, les notes des petits élèves corses sont nettement au-dessous de la moyenne nationale. En troisième, la comparaison est encore plus accablante. Au final, avec 1, 2 année en moyenne, la région est aussi en dernière position du peloton en ce qui concerne les années d'études après 16 ans.

Résultat, en Corse, plus d'un jeune sur dix quitte l'école sans aucune qualification, le pourcentage une nouvelle fois le plus élevé de France. Une situation qui a de quoi inquiéter, et qui explique mieux pourquoi parents d'élèves et enseignants ont dénoncé l'inconscience des exigences ministérielles.

Pourtant, les raisons de ces échecs semblent plus complexes qu'un simple manque de moyens. « La Corse a même bénéficié d'un traitement de faveur. Au regard de ce qui se pratique dans les autres académies, on pouvait largement supprimer ces cinq postes. Mais la Corse, pendant de nombreuses années, a été épargnée, eu égard à ses spécificités. En quinze ans il n'y a eu aucune suppression sèche de poste. Aujourd'hui, difficile de faire accepter aux gens ce retour à la normale ». Le constat est de Michel Reymondon. Et les statistiques contenues dans un rapport d'évaluation interne de l'Education nationale, réalisé il y a deux mois à peine, sont édifiantes. Entre 2000 et 2005, la Corse a dû faire face à une chute de 1 008 élèves dans le premier degré (de la maternelle au CM2), alors que le personnel enseignant n'a, dans le même temps, cessé d'augmenter. À tel point qu'aujourd'hui, elle est sans conteste l'académie la mieux dotée de France, avec des moyens octroyés par élèves supérieurs de plus d'un tiers à la moyenne nationale ! Même tendance pour les effectifs d'élèves par classe, les plus bas du pays, avec 22, 5 élèves en moyenne.

Au final, le constat est accablant. La Corse est l'académie bénéficiant des dotations les plus importantes, et la moins bonne élève de la classe. Paradoxal ? Pas tant que ça.

« Même avec les suppressions de postes prévues, personne n'aurait eu plus de 25 ou 26 élèves par classe, ce qui est très gérable. Au contraire, ce sont les nombreuses classes avec cinq ou six élèves qu'on s'obstine à garder ouvertes qui inquiètent. On sait très bien que, d'un point de vue pédagogique, surtout chez les plus petits, les échanges s'en trouvent réduits, et la progression est moins rapide », confie un instituteur de Balagne.

Un problème qui se pose également avec les classes uniques de certaines communes rurales, préservées coûte que coûte, dans l'objectif louable de maintenir la vie dans certains endroits reculés. « On sait que si on ferme une école, les gens, et particulièrement les couples avec enfants, ne viendront plus s'installer. Pour laisser une chance au village, on essaie de surseoir au maximum aux fermetures, mais certains villages, comme Silvareccio cette année, n'avaient plus que trois élèves entre le CP et le CM2. Même avec la meilleure volonté du monde, on est obligé de fermer la classe, et donc l'école » reconnaît l'inspecteur d'académie de la Haute-Corse.

Et si c'est un coup dur pour la commune, en revanche ce n'est pas toujours un mal pour les enfants, malgré les problèmes de transport qu'induit une scolarisation dans une commune éloignée « Dans les classes uniques, souvent, les plus grands sont désavantagés. Il n'y a parfois que deux ou trois CM2 qui passent une bonne partie de leur journée à suivre les cours des plus petites classes ; ils s'ennuient et avancent beaucoup moins vite que les enfants de leur âge scolarisés dans des conditions normales. Arrivés en 6e, ils sont souvent en retard », constate une institutrice remplaçante de la région d'Ajaccio.

« La Corse a toutes les caractéristiques d'un département rural. Plutôt calme, plutôt sympa, pas vraiment difficile au niveau de la discipline, et sans trop de motivation », sourit Michel Reymondon. Cette ancienne directrice d'une école primaire bastiaise est plus sévère : « Ici c'est le règne de l'enfant roi. À la maison, personne ne lui dit jamais non. Les répercussions sur le comportement scolaire sont énormes. Il ne supporte pas d'être repris à l'école, ne supporte aucun cadre. Dès la maternelle, à 3 ou 4 ans, on doit faire suivre de plus en plus de gosses par une assistante de vie scolaire, voire un psychologue ».

Autre problème majeur : l'absentéisme. Celui des enseignants, légèrement supérieur à la moyenne nationale, et celui des enfants, beaucoup plus préoccupant. « Le samedi matin, parfois, certaines classes de maternelles se retrouvent avec trois ou quatre élèves. Sans parler des absences au mois de juin o lors des veilles de vacances. Pour ceux qui manquent ces cours, le retard s'accumule, et devient vite impossible à rattraper ». Là, ce sont les parents qu'il faut convaincre. Et la tâche n'est pas toujours aisée. « il n'est pas rare que l'on nous rétorque "moi je suis jamais allé à l'école et je gagne très bien ma vie." Un discours qui relève de l'inconscience et qui ne risque pas d'inciter l'enfant à avoir de l'ambition dans les études » conclut-on à l'inspection d'académie.

Sébastien Bonifay

bacalà... ou les conséquences lointaines de l'assistanat généralisé dans lequel on nous place : régression et inversion des valeurs...

C'est surtout une perte des valeurs et la démission des parents. Tu veux que je te cite les conneries des fils de notables qui ont été couvertes et qui auraient du les amener pour longtemps en taule? Les comportements imbéciles des parents qui rejettent l'éducation de la discipline sur les instits mais n'hésitent pas à les frapper quand ils mettent une mauvaise note à leur rejeton!

il est diificile d'admettre pour des parents que leur enfant ne fera pas polytechnique ou des études supérieures d'ou beaucoup de rancune et de désillusion.

Le problème vient plus du niveau bas des salaires que de la formation

Le culte de l'enfant roi oui

vince a écrit:

il est diificile d'admettre pour des parents que leur enfant ne fera pas polytechnique ou des études supérieures d'ou beaucoup de rancune et de désillusion.

Le problème vient plus du niveau bas des salaires que de la formation

pipeau

il faut arreter avec diplôme=travail=pognon. Dans les professions qui recrutent, btp et restauration, les perspectives de salaires sont supérieures à ce que tu peux obtenir avec un bac+3. Un jeune qui apprend la plomberie ou le carrelage, puis qui se met à son compte il va gagner bien plus qu'un diplomé lambda.

on a devalorisé les filières d'enseignement professionel et technique. Tout le monde ne peut pas faire polytechnique et c'est tant mieux. Il y a besoin de tout le monde et il n'y a rien de deshonnorant à construire des maisons, cuire du pain ou fabriquer des meubles.

Oui moi j'ai pas pu polytechnique..

ghjattuvolpa a écrit:

Oui moi j'ai pas pu polytechnique..

Moi non plus ... Je m'en porte pas plus mal finalement.

Enfin quand on voit comment écrivent les jeunes sur les différents espaces de dialogue insulaire.... ça fait peur.

Mais moi je comprends pas un truc, on est toujours derniers en tout, en QI, à l'école etc etc... ça fait 9 ans que je suis sur le continent je trouve les gens tout a fait aussi con, si ce n'est plus que les gens que je fréquentais avant. Et pour dire vrai, un peu plus cons même je les trouve. parcequ'attention l'armée de prix nobels qu'il y a dans les métros, ça fait peur. AIO on dirtait des poissons certains de mes collègues tellement ils ont l'oeil vitreux.

article cruel qui illustre l'inversion des valeurs que je constate depuis de longues années au village. Avant, l'étudiant brillant était valorisé et c'était la honte si tu arrivais au village après un examen raté. Pour le bac, le village défilait à la maison du lauréat avec un petit cadeau (fritelle, une bouteille de champ'). On appellait ça par chez moi "fà u vilutu".
Maintenant, ce qui compte c'est l'apparence de la réussite avec les signes ostensibles qui vont avec. Le nombre de fois où j'ai entendu, les gens admiratifs face à la grosse bagnole d'un qui traficote à droite et à gauche.."celui mi qu'il se débrouille".
L'éducation c'est le produit "test" d'une société. Lorsque ça se dégrade c'est que tout se délite autour.

Sans compter les fils à papa qui foutent rien et ne fouteront jamais rien mais gagneront toujours 100 fois plmus que toi

a...quesque j'aurais aimé etre un fils a papa...
avoir une grande entreprise qui m'attend quelque soit mon niveau d'étude et etre sur de rentré beaucoup d'argent !

Corsu a écrit:

a...quesque j'aurais aimé etre un fils a papa...
avoir une grande entreprise qui m'attend quelque soit mon niveau d'étude et etre sur de rentré beaucoup d'argent !

très bonne analyse de corsu
on hait souvent ceux qu'on envie en fait.

mais c'est sa le pire et c'est vrai ! on n'aiment pas les riche mais pourtant on aimeraient tous l'etre

C’est quand même un peu manichéen comme vision. Il y a des riches d’un côté, des pauvres de l’autre. Les riches sont méchants, les pauvres sont gentils.

Il y a quand même des “fils à papa” comme vous dites (encore que j’aimerais bien savoir plus présicément ce qu’on entend par là) qui ne passent pas leur jeunesse à faire les kékés, qui bossent dur et qui font autre chose que leurs parents. Après c’est vrai qu’on peut dire qu’ils étaient dans de bonnes conditions pour réussir.
Et pour reprendre l’affaire familiale, si tu as pas étudié un minimum, tu finiras forcément par te casser la gueule.

Plefu a écrit:

C’est quand même un peu manichéen comme vision. Il y a des riches d’un côté, des pauvres de l’autre. Les riches sont méchants, les pauvres sont gentils.

Il y a quand même des “fils à papa” comme vous dites (encore que j’aimerais bien savoir plus présicément ce qu’on entend par là) qui ne passent pas leur jeunesse à faire les kékés, qui bossent dur et qui font autre chose que leurs parents. Après c’est vrai qu’on peut dire qu’ils étaient dans de bonnes conditions pour réussir.
Et pour reprendre l’affaire familiale, si tu as pas étudié un minimum, tu finiras forcément par te casser la gueule.

c'est pas du tout manichéen au contraire. Corsu et Mac font remarquer que selon qu'on soit d'un coté ou de l'autre, on voit les choses différemment. Il n'y a pas de notion de bien ou de mal.

Pour ta dernière remarque, je remplacerai forcément par souvent.

Bababa
Viens faire un peu un tour dans les régions tourisitiques corses et regarde un peu les propriétaires (jeunes) des restaurants, hôtels, grandes surfaces spécialisées et autres établissements touristiques.

C'était d'ailleurs un sketch de Mascone

scelta para a écrit:

c'est pas du tout manichéen au contraire. Corsu et Mac font remarquer que selon qu'on soit d'un coté ou de l'autre, on voit les choses différemment. Il n'y a pas de notion de bien ou de mal.

Je veux dire que c'est quand même un peu rapide de tracer une ligne et de placer les gens d'un côté ou de l'autre. Effectivement manichéen n'est pas vraiment adapté, disons que c'est une vision binaire simpliste.

Citation :

Pour ta dernière remarque, je remplacerai forcément par souvent.

Je parle d'étudier un minimum pour au moins avoir "appris à travailler", savoir mettre un coup de boost quand on il y en a besoin, savoir rester concntré, savoir organiser son temps pour respecter un délai, identifier les priorités, éventuellement faire les bonnes impasses...
Le genre de choses que, personnellement, j'ai vraiment compris en prépa et qui depuis m'ont beaucoup servi et me serviront encore je pense.

Oh oh les gros mots. Non c'est beaucoup plus simple :
Pas de concurrence (au besoin...), faire travailler les autres sans les payer, prendre un bon contremaître (le payer à peine plus), faire payer cher pour un service insignifiant, pleurer pour ne pas payer de taxe (dérogation, défalcation, exonération et tutti quanti), avoir de bonnes subventions...

ghjattuvolpa a écrit:

Bababa
Viens faire un peu un tour dans les régions tourisitiques corses et regarde un peu les propriétaires (jeunes) des restaurants, hôtels, grandes surfaces spécialisées et autres établissements touristiques.

C'était d'ailleurs un sketch de Mascone

Effectivement il se peut que la situation en Corse soit un peu différente de ce que je pense... [mode gaulois on ] Avec peut être une "tradition familiale" très ancrée dans les mentalités ? [mode gaulois off]
Je n'ai pas tous les éléments en main

attendez mais relisez bien, j'ai rien contre les fils à papa, au contraire je me moque du pire des vices ..."l'envie".

ghjattuvolpa a écrit:

Oh oh les gros mots. Non c'est beaucoup plus simple :
Pas de concurrence (au besoin...), faire travailler les autres sans les payer, prendre un bon contremaître (le payer à peine plus), faire payer cher pour un service insignifiant, pleurer pour ne pas payer de taxe (dérogation, défalcation, exonération et tutti quanti), avoir de bonnes subventions...

putain je connais un mec qui a bossé comme "contre maitre" pour un ..."ami " à lui (connu à ajaccio comme étant spécial) dans une paillotte ou y avait que des hongroises sous payés, c'est exactemment ce que tu vient de definir ...

macagnaman a écrit:

attendez mais relisez bien, j'ai rien contre les fils à papa, au contraire je me moque du pire des vices ..."l'envie".

Je dis pas le contraire. A la limite c'est plus dans les propos de Corsu qu'il y avait une connotation un peu péjorative, mais qui relevait juste de sa jalousie comme tu l'as souligné.

contre maitre ?? c'est l'avocat de la défense ??

J'ai contre eux que c'est un poids sur le développement économique mais surtout que c'est symptomatique de l'éducation des jeunes. Tu fais un tour dans les boîtes de nuit et tu trouves des jeunes de 12 ans à qui on a donné 500 balles (pardon 75€) pour passer la soirée, comme ça, pour rien.

ghjattuvolpa a écrit:

J'ai contre eux que c'est un poids sur le développement économique mais surtout que c'est symptomatique de l'éducation des jeunes. Tu fais un tour dans les boîtes de nuit et tu trouves des jeunes de 12 ans à qui on a donné 500 balles (pardon 75€) pour passer la soirée, comme ça, pour rien.

et ouais c'est comme ca les jeunes maintenant... bah je me rappelle encore de certains à Corté qui sortaient avec 4000 ou 5000 francs en poche juste pour montrer qu'ils avaient la liasse au moment de payer la bouteille...