De quoi se piquer aux jeuxpar
Camille Gévaudan,
Erwan Cario tag :
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Depuis quatre ans maintenant, un des sacerdoces de l’équipe d’Ecrans.fr est de trouver chaque jour un nouveau jeu gratuit et accessible dans un navigateur internet. Et ce n’est pas ce qui manque. Il en arrive de nouveaux en permanence et nous nous efforçons de sélectionner, dans la bien nommée rubrique «
Chronophages », les meilleurs d’entre eux. Et rien qu’en 2010, plus de 220 jeux y ont trouvé leur place.
Le secteur des jeux en Flash est donc toujours aussi florissant, avec quelques sites web leaders qui sortent du lot (
Kongregate,
Armorgames,
Newgrounds…). Mais il a peut-être perdu un peu de la folie créative qui était sa marque de fabrique en 2008 et 2009. Si on trouve toujours de très belles choses, on peut supposer qu’il commence à souffrir de la concurrence féroce des jeux pour smartphones d’un format équivalent mais avec un modèle économique plus cohérent. Car à choisir entre un support gratuit basé sur la publicité et un système payant,même à des tarifs minimes (moins d’un euro, le plus souvent), le créateur talentueux se tournera logiquement vers le second. Surtout après des
success stories retentissantes comme celle d’
Angry Birds, du studio finlandais Rovio, qui en est aujourd’hui à plus 50 millions de téléchargements, tous supports confondus.
Mais pas de quoi s’affoler, on est encore loin de la pénurie. Et il y a, avec les douze jeux qui suivent, largement de quoi contrecarrer toutes les bonnes résolutions professionnelles de début d’année.
Des pixels et des idées Robot wants puppyRobot veut chiot, et chiot attend sagement à trois cases du point de départ…Mais derrière un mur, bien entendu. Pour se frayer un chemin dans le labyrinthe de couloirs et de plateformes infestés de bêtes multicolores, le robot aux petits airs de Wall-E doit commencer par acquérir quelques fondamentaux. Tuer les aliens, par exemple. Mais pas question d’y aller tout seul ! Pour assurer ses arrières, on met dans ses bagages – ou sur sa tête, plus précisément – le chaton récupéré dans l’épisode précédent (
Robot Wants Kitty) pour le dégainer (touche X) dans toutes les situations délicates. Un ennemi ? Balançons-lui un chat, il lui fera la peau ! Un large fossé à franchir ? « Go, go gadget-o-chat » pour planer quelques secondes !
RADianceÀ ce niveau-là, ce n’est plus un jeu, mais une œuvre d’art !
RADiance fusionne avec génie les règles du casse-briques et du fameux
Snake (qui faisait fureur sur les Nokia des années 2000) pour créer 40 niveaux de pur bonheur. Le serpent, que l’on dirige au clavier, prend la couleur des pixels avalés et peinturlure les balles qui rebondissent sur sa queue, elles-mêmes devenant capables de détruire les blocs de même couleur (ça devient limpide quand on y joue. Promis, juré). Quelques boss redoutables rythment la progression. Ne reste qu’à ajouter une magnifique bande-son électro générée par les chocs de la balle, et on tient là un jeu époustouflant.
Give up, robot 1 & 2Deux pour le prix d’un ! Comme son nom l’indique, la série
Give Up, Robot joue sur les pouvoirs d’un petit robot. En lançant sa pince à élastique (touche A), il s’accroche au plafond et se balance aux murs. Fort pratique pour boucler des niveaux truffés de précipices et de matériaux explosifs. On peut même affiner ses mouvements en ajustant la longueur de la chaîne (flèches haut-bas) en cours de saut. Si
le premier opus est carrément psyché (attention à l’épilepsie),
le second est plus rétro et fait intervenir d’autres personnages : nuages sympas, cubes pas conciliants et missiles à détourner pour ouvrir le passage vers le niveau suivant.
Upgrade completeSi
Upgrade Complete est un jeu, où est le bouton pour jouer ? Ah, il faut commencer par l’acheter. Et pour le placer dans le menu principal, il faut aussi se procurer un menu. Il n’y a pas de son ? Si, mais payant. Les graphismes ? Idem. Bref,
« le but du jeu est de TOUT UPGRADER ! » explique le descriptif. On gagne de l’argent en abattant des ennemis dans un
shooter-game assez basique, puis on le dépense pour améliorer son vaisseau, et tous les éléments qui forment un jeu et dont on ne se soucie guère d’habitude : logo de la page d’accueil, barre de préchargement… On se laisse vite happer, curieux de voir où ces innombrables mises à jour vont nous mener.
Au temps pour moi Shopping Cart Hero 2Si
le premier opus de Shopping Cart Hero reposait sur une course au score, en parcourant la plus longue distance possible en saut de chariot de supermarché,
la suite se révèle encore plus chronophage car elle fixe des missions : plonger en piqué sous la terre et tuer un ver de terre géant à coup de batte de baseball, glisser en deltaplane et renvoyer des bananes sur un singe énervé dans sa mongolfière-gorille… Tel le Jackass de base, on lance encore et encore son stickman tout mal dessiné dans les airs, accompagné de groupies qui meurent dans une flaque de sang quand on se rate. Pour améliorer ses performances, on booste son moyen de transport (roues, fusée) et on gagne des points en réalisant des figures en l’air.
My First Quantum Trans.My First Quantum Trans. est un excellent jeu où il faut laisser une « empreinte » (touche W) pour s’y téléporter ensuite grâce à la barre espace (attention, il n’est pas possible de créer une empreinte juste après une téléportation). Au moment de la téléportation, on garde sa vitesse, ce qui peut permettre, par exemple, de sauter plus haut (les habitués de
Portal connaissent bien). La courbe d’apprentissage est rude, et on arrive vite à des niveaux où la dextérité, le timing et la capacité à distinguer la touche W de la barre espace deviennent extrêmement importants. Autant dire qu’on a explosé deux ou trois claviers avant d’écrire ce texte.
Cursed treasureSérieux, les ninjas, il faut qu’ils arrêtent ! On met en place une belle stratégie, on se spécialise en cryptes, sans oublier de soigner archers et démons. Et eux, sans crier gare, ils deviennent invisibles pendant cinq secondes, juste le temps de traverser notre défense pour aller récupérer nos précieuses gemmes. C’est d’un pénible ! Résultat, nos petites pierres si précieuses sont perdues au milieu de la route. Et ça fait désordre.
Cursed Treasure : Don’t Touch My Gems ! est un
tower defense qui a su allier tout ce qu’on aime dans le genre : des upgrades, des boss, de la magie, et même une ambiance sonore plutôt sympathique, ce qui ne gâche rien.
Creeper WorldLe
creeper, c’est cette masse bleuâtre et toxique qui s’étend, coule, envahit inexorablement chaque niveau et finit par détruire toutes les constructions de la carte si on ne fait rien pour l’en empêcher. Pour éviter ce genre de conséquences fâcheuses, il faut déployer un front armé et l’alimenter en énergie, grâce à un réseau de collecteurs qu’on peut optimiser avec divers gadgets tels que stockeurs, réacteurs, relais et accélérateurs. Rien compris ? Normal.
Creeper World est loin d’être simple à prendre en main, mais il se révèle terriblement addictif quand on a assimilé les relations entre les éléments du réseau. Explication détaillée des règles
par ici.
Un peu d’organisation Doodle GodPour savourer toute la folie de
Doodle God, on conseille d’y jouer à deux, devant le même écran ou chacun de son côté, en communiquant pour s’entraider dans la découverte des 115 éléménts à créer en combinant les pastilles deux par deux. Le jour où on l’a testé, ça donnait à peu près :
« J’ai créé un alcoolique !
Ha ha, je l’ai déjà. Mais je viens de faire un vampire.
Wouah ! Comment ?
Humain + sang.
On en fait quoi, du sexe ? Ça fonctionne avec rien.
Je sais pas quoi faire des céramiques. J’ai essayé de les combiner avec de l’eau pour faire de la soupe, mais ça marche pas.
Tu as déjà l’arbre ? On peut le découper avec les outils. Ça fait du bois.
Et avec le bois, on invente la roue… Méga classe. »
Momma’s DinerUn toast pour la table 2, et des sandwichs pour la 6 ! Comment ça, les œufs ne sont pas encore sur le gril ? Hop, on débarrasse les assiettes de la 5, et on prend celles de la 4 au passage. On a un gâteau pour le monsieur au comptoir… Que fait le cuisinier ? Rien ? C’est un scandale ! Quatre clients attendent à l’entrée et la seule table libre compte deux places. Oups, on n’a toujours pas pris la commande du couple de la 7… Ah ben, trop tard, ils sont partis. Et ces frites, ça fait longtemps qu’elles refroidissent à côté de la poubelle ? Aaaaaah ! Bon, la journée du
Momma’s Diner est perdue : on a manqué l’objectif à 60 dollars près. Pas grave, on recommence. Des frites pour la 3 !
Imperfect BalanceQuand un créateur de jeux Flash compte à son actif près d’une dizaine de casse-tête physiques à base de briques à empiler, il doit finir par développer une sorte de névrose tétrissienne. Nuit et jour, ses yeux voient des formes s’imbriquer ; inconsciemment, son cerveau construit des tours ; dans ses rêves, il consolide les pyramides trop fragiles… Il vit dans l’angoisse permanente du déséquilibre ou, pire, de la chute. Jusqu’au jour où il prend son courage à deux mains, et décide d’évacuer toute sa frustration. Il développe un nouveau jeu et inverse sans pitié toutes les règles habituelles : dans
Imperfect Balance, il faut tout faire tomber. Et ça fait un bien fou…
ReeelzMais comment veut-il qu’on réunisse une maison, trois plantes et trois flocons ? Il ne nous reste que quatre jetons ! Et la petite voix culpabilisante qui nous dit : « Ah, il fallait anticiper ! » Pfff…
Reeelz ressemble à une machine à sous, mais n’aurait aucun intérêt si seul le hasard comptait. Il faut réussir à gagner une série de badges pour espérer décrocher la victoire. Chaque badge correspond à une combinaison de dessins précise (100% nourriture, quatre horloges, deux pains et quatre fromages, etc.). Pas facile, d’autant qu’on a un nombre limité de jetons (
tokens). Lorsqu’on réussit une combinaison, on gagne un jeton au lieu d’en dépenser un.
Paru dans Libération du 30 décembre 2010