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Compte rendu
Egyptologie : un architecte français propose une solution au mystère de la grande pyramideLE MONDE | 02.04.07 | 15h04 • Mis à jour le 02.04.07 | 15h04
t si la grande pyramide de Gizeh avait été construite "de l'intérieur" ? C'est la thèse d'un architecte français, Jean-Pierre Houdin, convaincu d'en avoir percé le mystère. Les résultats de ses recherches, menées en collaboration avec Dassault Systèmes, ont été présentés, vendredi 30 mars, à la Géode, à Paris.
Vieille de quarante-cinq siècles, la pyramide de Khéops est une splendeur et une énigme. Comment les Egyptiens de l'Ancien Empire, qui ne connaissaient ni le fer, ni la roue, ni la poulie, ont-ils pu élever cette fantastique montagne de pierre ?
L'unique survivante des sept merveilles du monde occupe cinq hectares, mesure 147 mètres de haut et compte plus de deux millions de blocs de pierre d'un poids moyen de 2,5 tonnes. Ses concepteurs n'ont laissé aucun plan, aucune explication.
D'innombrables chercheurs s'y sont cassé les dents. On a tout imaginé pour comprendre le secret de fabrication du gigantesque tombeau de Khéops : une rampe frontale, une rampe extérieure zigzagante ou en colimaçon, des rampes multiples, de mystérieuses machines élévatoires, et même des blocs de pierre reconstituée, sorte de béton à l'antique coulé sur place...
SIMULATION EN 3 D Aucune de ces hypothèses plus ou moins sérieuses ne permet d'expliquer la totalité de la construction. Pour échafauder sa solution, Jean-Pierre Houdin, 56 ans, est parti d'une intuition de son père. Celui-ci, ingénieur à la retraite, avait imaginé non pas une rampe externe, mais une chaussée intérieure. C'est ainsi que la recherche a commencé, il y a huit ans. En cours de route, l'architecte a reçu l'appui de plusieurs spécialistes, dont Rainer Stadelman, ancien directeur de l'Institut d'archéologie allemand du Caire.
L'architecte français estime que, pour construire les 43 premiers mètres du monument, les bâtisseurs de Khéops avaient d'abord aménagé une rampe extérieure à double chaussée, qui devait être rehaussée au fur et à mesure. Puis les matériaux auraient emprunté une rampe interne courant en pente douce sous les faces de la pyramide. A la fin de chaque volée, les blocs auraient subi une rotation à angle droit pour s'engager dans la volée suivante.
Quant aux poutres en granite, destinées aux cinq plafonds de la chambre du roi et pesant chacune plus de 60 tonnes, elles auraient été hissées grâce à un astucieux chariot-contrepoids, lesté de pierres, sur des rouleaux de bois.
Ayant réussi à sensibiliser Dassault Systèmes à sa recherche, Jean-Pierre Houdin a bénéficié de méthodes utilisées dans l'industrie pour simuler et valider tous les processus de fabrication d'un produit. Des logiciels en trois dimensions ont permis de modéliser la pyramide dans l'espace et d'étayer, par des simulations, le parti pris de l'architecte. Le double virtuel du monument était soumis à toutes les lois de la physique.
Les internautes peuvent visiter librement le "chantier" en trois dimensions et s'y promener à l'adresse
www.3ds.com/khufu.Cette technique permet à Jean-Pierre Houdin de montrer la construction de la pyramide de bout en bout, dans un document très suggestif. On s'y croirait. Mais cela suppose que les Egyptiens, treize siècles avant Ramsès II, presque au sortir de la préhistoire, maîtrisaient des techniques insoupçonnées.
Voilà donc une hypothèse scientifique validée par la modélisation et la simulation en 3D. Encore faut-il la vérifier expérimentalement. Cela ne peut se faire qu'avec l'autorisation des autorités égyptiennes, à l'aide de moyens exceptionnels permettant de sonder les entrailles du monument sans y porter aucunement atteinte.
Autant dire qu'on n'a pas encore fini de parler du "mystère de la grande pyramide"...
Robert Solé