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 30 après Aléria

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Antone
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Antone


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MessageSujet: 30 après Aléria   30 après Aléria EmptyLun 22 Aoû - 6:48

30 après Aléria Logo_libe a écrit

Citation :




Léo Battesti, cofondateur du FLNC en 1976, tire un bilan critique de la lutte clandestine:
«Le nationalisme corse ressasse»

Par Christophe FORCARI

lundi 22 août 2005 (Liberation - 06:00)




A l'occasion de l'anniversaire du drame d'Aléria, le 21 août 1975, qui fit deux morts à la suite de l'occupation de la cave d'un viticulteur pied-noir (Libération d'hier), Léo Battesti, l'un des militants engagés dans cette opération, dresse «un bilan globalement négatif» de trente ans de combat nationaliste. Cofondateur du FLNC en 1976, il estime que le mouvement est aujourd'hui dans «une impasse». Il a quitté la clandestinité dès 1992, appelant à l'arrêt de la lutte armée, et il est devenu président de la Ligue corse d'échecs.

Trente ans après Aléria, quel bilan tirez-vous du combat nationaliste ?

Sans remettre en cause ce qui a constitué les fondements de ce combat, c'est-à-dire la défense d'une langue, d'une identité, la mise en place d'une véritable politique économique et d'institutions adaptées, et qui sont aujourd'hui acceptées par tous, le bilan global de ces trente dernières années est très négatif. Le contre-pouvoir représenté un temps par les nationalistes n'a pas su constituer une alternative crédible au clanisme.

Pourquoi cet échec ?

Il tient principalement à l'importance du mouvement clandestin qui a contribué à déresponsabiliser les militants. Cela a tout faussé. La lutte armée a non seulement échoué mais emporté avec elle tous ses enfants. Le dépôt des armes s'impose. C'est une évidence. Je crois que nous avons abouti à l'inverse de ce que nous souhaitions. Et je me sens en partie responsable de ce résultat. Avec leurs armes et leurs clientèles, les nationalistes se sont peu à peu substitués au clanisme. Les mouvements clandestins ont contribué à légitimer les discours les plus archaïques de ceux qui s'opposent à toute évolution. Le bilan global, c'est que les nationalistes se trouvent aujourd'hui dans une impasse totale... Il n'y a plus de contenu politique. Et pas seulement, il faut le souligner, chez les nationalistes. La Corse souffre de ce manque de débat.

Les dérives du nationalisme y ont-elles contribué ?

En partie. Même si elles ne sont le fait que d'une infime minorité. Il ne s'agit pas de diaboliser les organisations nationalistes, qui comptent dans leurs rangs de nombreux militants sincères. Mais aujourd'hui la dérive mafieuse est généralisée. On recense à Bonifacio plus de morts violentes que dans certaines grandes villes américaines. C'est comme si on recensait 9 000 assassinats en une année à Paris ! Cela pose quand même un certain nombre de questions, y compris politiques. Mais personne n'en parle. Le plus souvent par peur. La Corse souffre surtout de ce silence pesant.

Le nationalisme a-t-il encore des idées ?

Je ne pense pas. Il ressasse. Il tourne en rond. Les mêmes contradictions produiront aujourd'hui les mêmes échecs qu'hier. Mais je crois qu'il ne faut pas se focaliser sur les seuls nationalistes. Aujourd'hui, en Corse, il n'y a pas de débat idéologique sur les choix de société. Pour rassembler les énergies, pour avancer, il faudrait regarder la Corse, et le monde, tels qu'ils sont et non pas tels qu'ils étaient il y a trente ans. La Corse se décorsise. Il faut donc oeuvrer à promouvoir son identité de manière démocratique et pacifique, en intégrant tous les citoyens présents sur le sol insulaire, quelle que soit leur origine. Le peuple corse est à construire, et pas uniquement à décréter. Malheureusement, dans tous les domaines, nous assistons à de terribles régressions, tant au niveau social qu'économique et culturel.

Qu'attendez-vous du gouvernement ?

Nous devons tous nous remettre en cause. Le véritable problème est chez nous et pas seulement dans l'attitude de l'Etat. Il faut arrêter de se plaindre, de nous trouver des excuses. L'Etat a certes ses responsabilités, mais rien ne nous empêche de nous retrousser les manches, de construire notre pays et d'être un exemple de modernité. Nous sommes une terre de paradoxes, avec des atouts considérables, et je ne doute pas que nous puissions surprendre enfin dans le bon sens... Nicolas Sarkozy disait récemment que «les nationalistes ne sont plus au centre de la vie politique corse». Sans doute, mais le problème c'est qu'il n'y a plus aucun centre, plus d'alternative crédible. Il convient donc de travailler, tous ensemble, à la construire.

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MessageSujet: Re: 30 après Aléria   30 après Aléria EmptyLun 22 Aoû - 6:52

et dans le 30 après Aléria Lemondefr_pet Culioli a écrit...
Citation :
La Corse est épuisée par la violence endogène et suicidaire qui la ronge de l'intérieur depuis des décennies. Doutant d'elle-même, parfois dépassée par ses propres archaïsmes, elle semble sourde à l'indispensable modernité qui frappe à sa porte. En quelques mois, les alertes se sont multipliées qui témoignent de sa capacité à épouser les maux français ­ - centralisme, égoïsmes corporatistes, incapacité à s'entendre au nom du bien commun ­-, à les caricaturer en y ajoutant nos propres travers.


En quelques mois, la Corse a connu des crises majeures dans les domaines de l'énergieet des transports. Et voilà que s'y ajoute la litanie des attentats anonymes ou revendiqués dont on ne sait plus s'ils répondent à une logique politique ou crapuleuse.

Les nationalistes modérés et radicaux, réunis dans une improbable coalition, ont dénoncé, en correspondance avec la clandestinité, les responsabilités conjointes de l'exécutif de la collectivité territoriale et l'Etat français.

Cette tirade, invariable depuis trente ans, renvoie donc aux communiqués des différents FLNC dans un but unique bien qu'inavoué : remettre en selle un nationalisme affaibli pour imposer à l'Etat français une nouvelle période de tractations qui verrait à nouveau le nationalisme interlocuteur privilégié du gouvernement après une période répressive. Or, depuis quelques années, la Corse a été tenue à l'écart du dramatique piège de l'alternance du laxisme et du bâton qui n'a servi qu'à rendre l'idée même de démocratie toujours plus confuse.

Une fois n'est pas coutume, rendons hommage à un préfet de région, Pierre-René Lemas, qui, par son action subtile, a réussi à éviter qu'en Corse les sujets de mécontentement ne se transforment en foyers de violence.

Cherchant à détecter les sources de conflits potentiels avant qu'ils ne deviennent explosifs, il a permis de régler des problèmes que les Corses, laissés à leurs seules passions, auraient eu bien du mal à régler. Je puis personnellement témoigner de son combat intransigeant contre toutes les formes d'exclusion, à commencer par le fléau du racisme. Il a plus fait pour le rapprochement des prisonniers nationalistes que les organisations nationalistes elles-mêmes. Je puis affirmer que, fait notable dans notre île spécialisée en oiseaux migrateurs, cet homme a servi la Corse plutôt qu'il ne s'est servi d'elle.

La mouvance nationaliste dénonce, parfois avec justesse, les faiblesses, errances et hésitations des pouvoirs constitués. Et c'est au nom de cela qu'elle justifie son appui de la violence. Enonçons donc quelques vérités incontestables.

La coalition nationaliste a recueilli lors des dernières élections territoriales 17 % des votants et huit élus dont une moitié a affirmé rejeter les pratiques clandestines.

Nos élus traditionnels, quels que soient leurs défauts, réunissent donc quatre fois plus de citoyens appartenant peu ou prou au peuple corse que les nationalistes. Comment nier une telle réalité sauf à prôner la dictature ubuesque de quelques centaines de militants qui n'ont d'ailleurs pas fait la preuve de leur capacité à prendre les rênes du pouvoir ?

Car le nationalisme, qui fut incontestablement dans les années 1970-1980 l'un des moteurs du changement en Corse, semble désormais en panne d'imagination, réduisant sa revendication politique à la lutte contre une prétendue "colonisation de peuplement", à la défense incantatoire de la langue et à la "corsisation" des emplois, oubliant le plus souvent la notion essentielle de compétence et de formation. Un peu court pour faire face aux défis de la modernité, de la construction européenne et à la mondialisation.

Le nationalisme a eu raison de dénoncer l'immobilisme de la classe politique traditionnelle et les excès de la justice antiterroriste. Mais il a irrémédiablement tort de prôner ou d'accepter cette violence qui l'empêche d'évoluer politiquement, l'emprisonne dans des logiques de seigneurs de guerre, et l'oblige à se référer négativement à l'Etat français plutôt qu'à dessiner les contours d'une histoire corse positive, ouverte et fraternelle.

Faut-il pour autant exonérer nos élus de leurs carences, qui ne sont d'ailleurs guère différentes de celles qui accablent les élus du continent ? Les citoyens ont évidemment un devoir d'exigence envers ceux qu'ils ont placés au poste de commande. Avouons que la classe politique corse toutes tendances confondues ­ - nationalistes compris ­ - n'a guère été capable d'anticiper puis de gérer les conflits dans les domaines dont elle avait pourtant la charge : énergie, transports... n'hésitant d'ailleurs pas à appeler à la rescousse un Etat qui, la veille, était paré de tous les défauts.

La vérité est que derrière nos beaux discours nous peinons à nous prendre en charge parce que nous manquons tout simplement de confiance en nous-mêmes. Nous possédons l'un des statuts les plus progressistes qui soit mais nous l'ignorons sans vergogne pour encore et toujours désigner les coupables de notre sort à l'extérieur de notre propre sphère.

Quoi qu'il en soit, le droit de contestation ne saurait être confondu avec la menace que font peser sur les élus une clandestinité aux abois et le plasticage de certains d'entre eux. C'est tout simplement insupportable.

La violence politique nous menace tous. Elle occupe nos esprits et empêche la maturation de notre imagination. Elle voile les véritables responsabilités dans le marasme actuel. Il faut qu'elle prenne fin avant qu'elle ne nous tue.

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