Le quinquennat de Nicolas Sarkozy s’achève. Celui de François Hollande va bientôt commencer et entre-temps, les difficultés n’ont pas disparu par enchantement. Je voulais juste m’arrêter un instant sur le bilan du sortant et vous faire partager mon analyse sur ces cinq dernières années, sur l’évolution de la société qui en a découlé et les conséquences qu’on peut, selon moi, en attendre.
Je n’ai pas été surpris de manière fondamentale par ce que Sarkosy a fait pendant son mandat. J’avais lu son programme et il l’a appliqué. Je m’étais documenté sur le personnage et rien ne m’a étonné. Il y a toujours dans une œuvre, quelques aspects positifs. J’y reviendrai mais ce qui prédomine c’est l’impression d’un profond échec. Chômage, insécurité, déficits. Il y avait un contexte de crise que je ne nie pas. Mais dans ce contexte, ce qui m’a frappé, c’est la façon dont les sacrifices ont été demandés. Une quarantaine de taxes nouvelles ont frappé la population pendant que les plus riches parmi les riches ont été largement épargnés au travers du bouclier fiscal, de la baisse de l’ISF ou d’un aménagement outrancier des modalités de transmission des patrimoines les plus élevés. Politique de classe et clientéliste si on rajoute au tableau la baisse de la TVA sur la restauration qui était un non sens économique en cette période. Non sens aussi la mise en place des heures supplémentaires qui a créé une opportunité pour les entreprises pour ne pas payer des charges en déqualifiant les rémunérations versées. La liste est longue, très longue et il me semble que beaucoup de ce qui était l’héritage gaulliste notamment a été détruit.
Sarkosy n’était pas un fasciste. Mais un opportuniste. Je ne lui pardonnerai jamais ses atteintes constantes à la laïcité, ses discours impudents de fin de campagne basés sur des thèmes de triste mémoire : dénonciation de l’étranger, des élites, des médias, référence aux vraies valeurs renvoyant en creux à la fausse France représentée par ses adversaires politiques. Je peux comprendre qu’on dénonce l’assistanat et les fraudes en tout genre. Mais la dénonciation doit aussi viser les fraudes fiscale et sociale à très haute échelle dont se rendent coupables le patronat ou une bonne partie du secteur médical. Mais c’est là son cœur d’électorat.
Le pays est dans un sale état à l’instar des autres membres de l’UE. Sarkosy a rajouté au plus haut niveau, des ferments de haine et de division durables. Il a été tout au long de son quinquennat, un président clivant, qui a cherché à opposer les catégories les unes au autres avec comme seule boussole : sa réélection. C’est ce qui nous a valu une politique de " coups médiatiques " avec surexposition de la vie privée et ce qui est plus grave, des décisions à l’international tout à fait dommageables (gestion du printemps arabe en général et affaire libyenne en particulier)
Est ce qu’il y a eu des choses positives ? On cite souvent la réforme des retraites. Elle était nécessaire en effet mais en l’absence de prise en compte du critère de pénibilité, elle n’est pas juste. La réforme des universités, sans doute.
La morale, l’éthique ont été bousculées. Ce furent cinq ans où l’argent est devenu l’alpha et l’omega de l’action publique. J’attends avec curiosité le troisième tour judiciaire mais sans me leurrer sur l’issue. Karachi (10 morts !) Bettencourt etc.. quoiqu’il arrive, nous entendrons parler d’acharnement partisan des juges.
Comme le disait sous couvert de l’anonymat, un proche de Hollande " si on perd, on est mal. .si on gagne ..on est mort " Il n’y a pas eu d’état de grâce, y compris le soir de l’élection marqué par la gravité. Sarkosy est parti et je m’en félicite. J’espère que son successeur qui ne fera pas de miracle, renouera au moins avec des pratiques simples de morale et de justice. Ce serait déjà un grand pas pour ce pays bien malade.