TOUR DE FRANCE
Vinokourov : "Tout ça est faux"
NOUVELOBS.COM | 25.07.2007 | 12:24
"Je pense que je suis victime d'une nouvelle provocation", déclare le coureur cycliste de l'équipe Astana, contrôlé positif à la transfusion sanguine, estimant qu'une chute sur le parcours a pu "déséquilibrer (s)on organisme".
Alexandre Vinokourov (Sipa)Le coureur kazakh Alexandre Vinokourov refuse toujours mercredi 25 juillet de croire qu'il a été contrôlé positif. Dans une interview accordée à
L'Equipe alors qu'il rentrait chez lui à Monaco, Vinokourov affirme que "tout ça est faux" et crie à l'erreur et à une "nouvelle provocation".
"Je ne veux pas croire que j'ai été contrôlé positif. Tout ça est faux. Je pense que je suis victime d'une nouvelle provocation. Ca dure depuis des mois et aujourd'hui on arrive à me démolir", souligne le coureur d'Astana qui affirme ne s'être "jamais dopé".
Il avance que le contrôle positif est "une erreur due peut-être à ma chute": "J'en ai parlé avec les médecins qui ont émis une hypothèse selon laquelle il y aurait eu un engorgement de sang dans mes cuisses, ce qui aurait pu rendre positif le contrôle. Je veux savoir si ma chute n'a pas déséquilibré mon organisme".
"C'est dommage de quitter le Tour de cette façon mais je ne veux pas perdre de temps pour apporter la preuve de mon innocence (...) j'ai entendu que je m'étais transfusé avec le sang de mon père. C'est absurde, je peux vous dire qu'avec son sang, j'aurais été contrôlé positif à la vodka",
assure encore Vinokourov.
Après le contrôle positif d'Alexandre Vinokourov, toute l'équipe Astana a dû quitter la compétition mardi à la demande des organisateurs. Ce départ a été annoncé mardi par l'attachée de presse de l'équipe Corinne Druey, après la révélation d'un contrôle positif du coureur kazakh aux transfusions homologues après le contre-la-montre d'Albi le 21 juillet dernier.
TourmenteA moins d'une semaine de l'arrivée du Tour de France sur les Champs-Elysées, ce contrôle positif a replongé le cyclisme dans la tourmente du dopage.
"J'avais dit aux coureurs au départ de Londres qu'ils avaient une formidable occasion de reconquête, je dis à ceux qui n'ont pas encore compris qu'ils jouent à la roulette russe. Il n'est pas question d'abandonner la partie et de laisser la place à ceux qui veulent tricher", a déclaré Christian Prudhomme, le directeur du Tour de France, après l'explosion de la bombe qui a tiré de sa quiétude la deuxième journée de repos de l'épreuve.
L'actuel maillot jaune, le Danois Michael Rasmussen (Rabobank), est lui-même suspecté de dopage sans preuve après avoir réussi à esquiver quatre contrôles antidopages inopinés en moins de deux ans. L'Américain Floyd Landis, arrivé en jaune sur les Champs-Elysées l'an dernier, risque toujours une suspension pour avoir été contrôlé positif à la testostérone lors de l'épreuve.
Chute à AutunVainqueur de deux étapes à Albi samedi et à Loudenvielle lundi soir avec deux genoux encore sanguinolents d'une grave chute survenue à l'approche d'Autun, Vinokourov semblait encore un surhomme mardi matin.
"Peu de coureurs européens auraient tenu comme je l'ai fait", avait déclaré à Loudenvielle Vinokourov, dont l'échantillon déclaré positif a été prélevé à l'issue du contre-la-montre d'Albi.
Par sa tricherie supposée, le Kazakh de 33 ans a donné raison à Pat McQuaid, le président de l'Union cycliste internationale (UCI), qui avait déclaré avant le Tour qu'un sacre à Paris de Vinokourov serait une mauvaise chose pour le cyclisme. "Vino" a en effet avoué sa collaboration avec Michele Ferrari, médecin italien à la réputation sulfureuse.
"Alexandre nie avoir manipulé son sang, et pense éventuellement que suite à son accident il a pu avoir des anomalies sanguines dans son corps", a déclaré Marc Biver, le manager de la formation Astana, du nom de la capitale du Kazakhstan.
A la demande de Patrice Clerc, le directeur d'Amaury Sport Organisation, organisateur de l'épreuve, la formation s'est immédiatement retirée, laissant sur le carreau notamment Andreas Kloeden, deuxième du Tour 2004 et cinquième du général cette année. Andrey Kashechkin, Antonio Colom, Paolo Savoldelli, Maxim Iglinskiy, Serguei Ivanov, Grégory Rast et Daniel Navarro ont été priés de rentrer à la maison.
Perquisition à l'hôtelPoliciers et gendarmes, dont des membres de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAESP) ont en outre investi mardi soir la Palmeraie, l'hôtel de la formation Astana pour perquisitionner. Un car de la formation avait déjà été arrêté par les douanes lundi sur une aire d'autoroute, avec ceux des formations Rabobank, Discovery Channel et Team CSC.
Michel Audran, professeur du laboratoire de biophysique et de bioanalyse de l'université de Montpellier, s'est étonné de cette méthode présumée de dopage du Kazakh. "Ce qui me stupéfie, c'est que l'on puisse encore utiliser la transfusion homologue, qui est détectable depuis les Jeux d'Athènes en 2004 où l'Américain Tyler Hamilton avait été pris", a-t-il dit à l'AP.
Vinokourov était lundi seulement 23e du classement général à 28.21 minutes de Rasmussen. Car entre ses deux victoires à Albi et Loudenvielle, il avait connu une grosse défaillance dans la montée du Plateau de Beille dimanche. "C'est la tête qui a lâché", avait-il dit.
Christian Prudhomme, le directeur du Tour de France, s'en est pris sans la citer à l'Union cycliste internationale. "Le système actuel ne fonctionne pas, il va falloir le changer. C'est une faillite totale", a-t-il déclaré. "Un système qui ne défend pas la plus grande course du monde, est un système qui ne doit pas perdurer", a-t-il dit.
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