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 Littoral corse : le débat relancé, par Jean-Louis Andreani

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Antone
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Antone


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MessageSujet: Littoral corse : le débat relancé, par Jean-Louis Andreani   Littoral corse : le débat relancé, par Jean-Louis Andreani EmptyVen 18 Aoû - 13:44

Littoral corse : le débat relancé, par Jean-Louis Andreani Lemondefr_pet a écrit

Citation :
Services de l'Etat traitant de construction et d'environnement, résidences secondaires de continentaux, mairies, bâtiment de l'Assemblée de Corse : depuis quelques mois, la fréquence des attentats nationalistes s'est accrue, tandis que leurs cibles se sont à la fois élargies et spécialisées. Deux facteurs principaux semblent expliquer ce regain de violence. L'émiettement du mouvement nationaliste se traduit par l'existence de plusieurs groupes clandestins qui se livrent à une vive concurrence. Et la surenchère se mesure à coups de bombes et de mitraillages de façades. A cette compétition interne s'ajoute un facteur que n'avaient pas forcément prévu les nationalistes, mais dont ils s'efforcent de tirer parti.


Dans Le Monde du 3 avril, Camille de Rocca-Serra, président UMP de l'Assemblée de Corse, proche de Nicolas Sarkozy, a lancé l'idée de "désanctuariser" la Corse. Dans le mensuel Corsica de mai, il précisait : "Sur 1 000 kilomètres de côtes, nous recensons 250 chambres de type quatre étoiles, ce qui équivaut à 200 mètres de Croisette." L'ancien maire de Porto-Vecchio semble ainsi avoir pris la tête de ceux des élus insulaires qui veulent un assouplissement de la loi littoral. Bien qu'il s'en défende, M. de Rocca-Serra a immédiatement été accusé de vouloir reprendre le "bétonnage" des côtes, et a réveillé le spectre des grands projets immobiliers des années 1960 et 1970, qui avaient nourri la contestation nationaliste.

Aujourd'hui, entre présumés bétonneurs des côtes et supposés extrémistes de l'environnement, le dialogue de sourds reste la règle, et la déclaration de M. de Rocca-Serra a contribué, qu'il l'ait prévu ou non, à figer les positions. Or cet antagonisme entre deux points de vue inconciliables est d'autant plus lourd de sens qu'une reprise de l'urbanisation touristique, sans consensus préalable, aurait toutes les chances de se heurter à une opposition violente.

Les termes du débat eux-mêmes ne sont pas simples : la situation du littoral corse est plus complexe que la présentation qui en est souvent faite. Les côtes restent en majorité vierges et préservées (le Conservatoire du littoral en possède 20 %, soit le double de sa moyenne nationale). Mais, en dépit des obstacles évoqués par les partisans d'un assouplissement de la loi, un "mitage" des côtes, à partir de constructions individuelles d'une qualité architecturale souvent médiocre, commence à être très visible autour des principales agglomérations, toutes situées sur les côtes.

Enfin, le débat sur l'immobilier touristique est en train de prendre une nouvelle dimension : la hausse des prix a atteint la Corse, et la crise du logement touche les Corses au quotidien. Là encore, la situation est complexe. Comme l'a rappelé l'un des participants des Journées nationalistes de Corte (Le Monde du 8 août), ce sont souvent des insulaires qui vendent maisons ou terrains à bâtir, à des prix vertigineux dans des zones comme l'extrême sud de l'île, ou qui préfèrent les locataires saisonniers, plus rentables aux locations à l'année.

Malgré ces ambiguïtés, déjà présentes à l'époque, les succès politiques des nationalistes, dans la fin des années 1980 et jusqu'au début des années 1990, se sont notamment construits sur ce terrain : les cibles privilégiées des bombes étaient des complexes touristiques, souvent construits de façon illégale et visés par des procédures judiciaires. Les clandestins savaient qu'en se posant en défenseurs de la terre et du patrimoine corse contre les "bétonneurs" venus du continent ou de l'étranger, ils faisaient vibrer une corde sensible dans une partie de la population. Les nationalistes étaient alors en phase d'ascension, et leurs élus ambitionnaient de se poser en rénovateurs d'une politique insulaire qu'ils entendaient arracher à l'emprise du "clan". Ils sont d'ailleurs parfois accusés d'avoir instrumentalisé avec succès, dans un souci plus politique qu'écologique, la défense de l'environnement. De fait, c'est aux élections territoriales de 1992 que la mouvance nationaliste-autonomiste a obtenu son meilleur score électoral : un quart des suffrages.


PHÉNOMÈNE POLITIQUE PARADOXAL


Aujourd'hui, le contexte politique est très différent. Les dérives du nationalisme ont éclaté au grand jour. La "guerre civile" des années 1993-1996 a décimé les militants les plus aguerris. La lassitude vis-à-vis de la violence et de ses effets pervers est encore plus manifeste depuis l'assassinat du préfet Erignac, en 1998, et le clivage s'approfondit avec les autonomistes, de plus en plus critiques envers le recours aux méthodes de l'action clandestine.

Par ailleurs, une partie du discours nationaliste tourne à vide depuis le non de l'électorat insulaire au référendum du 6 juillet 2003 sur un nouveau statut. Ce scrutin a cassé une dynamique de réformes donnant plus d'autonomie à la Corse - qui s'était poursuivie, de l'action de Lionel Jospin à celle de Nicolas Sarkozy première manière. Emile Zuccarelli, maire PRG de Bastia et député de Haute-Corse, qui incarne la ligne du refus des réformes institutionnelles, est réputé gagner du terrain chaque jour dans l'île.

Les socialistes viennent de consacrer ce succès. Prenant acte des rapports de forces locaux - le PS corse est un nain politique par rapport au PRG - et sans doute dans le cadre de la négociation sur les candidatures à la présidentielle et les investitures aux législatives, ils se sont tout simplement alignés sur la position de M. Zuccarelli : leur programme prévoit le refus de toute nouvelle évolution institutionnelle pendant le quinquennat qui s'ouvrira en 2007.

Selon un phénomène politique paradoxal, mais classique, les nationalistes sont isolés et en perte de vitesse, alors qu'une bonne partie des thèmes qu'ils véhiculaient ont été intégrés par la société corse. Défense de la culture insulaire, de l'environnement, approche du développement économique fondé sur la valorisation de l'identité locale, sont aujourd'hui déclinées au quotidien par de nombreux acteurs de la vie politique, économique ou associative.

Par ailleurs, dans un contexte de progression du racisme, en particulier chez les jeunes Corses, la volonté affichée d'"endiguer la dépossession" des Corses de leur terre par la spéculation immobilière prend une connotation xénophobe, surtout quand des résidences secondaires de continentaux ou d'étrangers sont plastiquées en tant que telles. Même si le problème, réel et de plus en plus aigu, se pose en Corse comme dans d'autres régions touristiques.

La nouvelle bataille du littoral va-t-elle apporter aux nationalistes le sursaut politique qu'ils espèrent ? C'est l'une des questions posées. L'autre étant l'avenir de ce littoral, et plus généralement du patrimoine naturel corse, qui passe par la définition d'un "modèle touristique" après un large débat démocratique, dont le manque se fait de plus en plus sentir.

Article paru dans l'édition du 19.08.06
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