À 33 ans, alors qu'il était resté un an sans jouer, Jérôme Rothen a relevé le challenge avec Bastia. Un choix motivé par une envie de jouer intacte
Onze ans après avoir fait ses débuts en D1 au stade de l'Aube contre Marseille, Jérôme Rothen revient à Troyes. Avec beaucoup d'émotion
Ce sera un des temps forts de la saison à Troyes : le retour de Jérôme Rothen au stade de l'Aube. À 33 ans, le « DAB » (distributeur automatique de ballons), recrue-surprise du Sporting Bastia, est une des stars de la Ligue 2. Ça ne l'empêche pas d'être toujours aussi disponible. Il a suffi d'un message sur sa boîte vocale pour qu'il prenne la peine de nous rappeler. Affable, le gaucher (46 matches en D1 avec Troyes), reconverti milieu défensif en Corse, se livre avec sincérité.
Après une saison complète sans compétition, comment vous sentez-vous physiquement ?
« Je suis agréablement surpris par le niveau que j'ai atteint assez vite. Avec le coach, on avait programmé que mon pic de forme arriverait en octobre. Ça vient plus vite que prévu. Tant mieux. J'avais bien bossé avec un préparateur physique en banlieue parisienne. J'ai alterné le foncier, la vitesse. J'ai beaucoup pratiqué le tennis et le futsal pour garder du rythme. »
Mentalement, ça n'a pas été trop dur de rester motivé ?
« Si bien sûr, mais dès lors que j'ai résilié avec le Paris-SG, j'ai eu pour objectif de rejouer en janvier. Ça a failli se faire avec des clubs de Ligue 1, mais il y a toujours eu un grain de sable. Et il était hors de question que je retourne dans une galère à l'étranger comme ça avait été le cas en Écosse (quatre matches avec les Glasgow Rangers) et en Turquie (douze matches avec Ankaragücü). Finalement, l'attente a été plus longue que prévu, j'ai dû attendre cet été pour revenir en France. »
La Ligue 2, ça ne vous a pas rebuté ?
« Si j'avais manqué d'envie, ou si je n'avais pas été sûr de vouloir rejouer, je ne l'aurais pas fait. Je me sentais en bonne condition physique, j'ai toujours eu une bonne hygiène de vie. À 33 ans, j'avais une folle envie de me lancer dans ce nouveau challenge. Les ambitions ne sont plus les mêmes, mais ça m'a donné un nouvel élan. »
Après la résiliation de votre contrat avec le PSG, c'est aussi une forme de revanche personnelle ?
« Non, je ne suis pas revanchard. Je suis lucide. Je suis un privilégié. Tout ce que j'ai vécu au cours de ma carrière, c'était loin d'être gagné quand j'ai débuté. »
Comment avez-vous été accueilli au club ?
« Très bien. Il y avait eu beaucoup d'échanges avec les dirigeants et l'entraîneur avant que je signe mon contrat de deux ans. Il n'y avait aucune ambiguïté sur mes motivations. C'est le projet sportif qui m'intéresse, pas l'aspect financier. »
Quelle équipe avez-vous découverte ?
« C'est un groupe fabuleux. C'est ce qui a fait la force de l'équipe en National. L'ambiance me rappelle celle que j'ai connue avec Monaco en Ligue des champions. Les vingt-cinq joueurs pourraient manger ensemble. C'est une mine d'or qui peut nous permettre d'aller loin. »
Vous pensez que Bastia, actuel second, peut imiter Arles-Avignon et Evian ?
« La montée en L1 n'est pas l'objectif de cette saison, mais si on peut aller plus vite dans l'évolution du club, on ne va pas se gêner. Si on est à cette place après cinq journées, ce n'est pas un hasard. Et encore, à mon avis, on devrait plutôt avoir 12 ou 13 points au lieu des 10. On n'a rien à envier aux autres. On peut déjouer les pronostics, à condition de ne pas s'enflammer. Mon vécu doit servir à aider l'équipe à garder les pieds sur terre. »
Sur le terrain, avez-vous rapidement trouvé vos repères ?
« Comme j'évolue dans un rôle différent de milieu axial, je touche beaucoup de ballons. Les sensations sont revenues d'autant plus vite que mes coéquipiers me font confiance. Je ne me serais pas intégré si vite s'il n'y avait pas toute une équipe autour de moi. On attend beaucoup de moi, c'est logique. Dès la préparation d'avant-saison, j'ai fait passer le message en montrant que physiquement, il fallait compter sur moi. Dans les discours également, j'essaie d'apporter mon expérience. »
Revenir jouer à Troyes, est-ce particulier ?
« Oui, ce sera émouvant. Troyes, c'est le club qui m'a révélé en D1. J'ai connu la coupe d'Europe. C'était fabuleux ce stade de l'Aube qui vibrait. J'attends ce retour avec impatience. Il y aura ma famille et beaucoup d'amis dans les tribunes. J'ai envie de (re)laisser un bon souvenir. »
Toujours supporter du PSG ?
« Évidemment, je suis fan depuis que je suis môme. Entre le PSG et moi, l'histoire d'amour s'est mal finie, mais je ne souhaite que du bien à l'équipe. Ça reste mon club de cœur. »
Estac : beaucoup d'incertitudes
Grax, Sidibé et Thiago suspendus, l'équipe sera amputée de trois joueurs importants vendredi soir. À ces absences pourraient s'ajouter celles d'Enza Yamissi (élongation aux ischios) et de Psaume (adducteurs douloureux). Jean-Marc Furlan ne saura qu'aujourd'hui s'il doit aussi se passer de leurs services. Caceres fera ses débuts à la pointe de l'attaque, tandis que Rincon n'est toujours pas qualifié malgré des papiers en règle. Une situation qui a le don d'irriter au club.
De retour de sélection avec les Espoirs, N'Sakala devrait retrouver sa place de « titulaire » si son état physique le permet.