Quand la science se ment à elle même...

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Tchernobyl : Pierre Pellerin dédouané... par lui-même
LE MONDE | 12.07.06 | 14h46 • Mis à jour le 12.07.06 | 14h46


Des écoutes téléphoniques le montrent : le professeur Pierre Pellerin, ancien directeur du Service central de protection contre les rayonnements ionisants (SCPRI), serait le véritable auteur de la "mise au point historique" sur l'affaire du nuage de Tchernobyl publiée en 2003 dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences. Cet article concluait qu'"en France, les retombées ont été très inférieures à celles qui auraient pu justifier des contre-mesures (sanitaires) préventives", dédouanant ainsi... le professeur Pellerin, responsable en 1986 du contrôle des retombées du nuage. Le document était pourtant signé par Pierre Galle, Raymond Paulin et Jean Coursaget, trois spécialistes de médecine nucléaire et de radiotoxicologie.

L'explication figure dans le dossier d'instruction de la juge Marie-Odile Bertella-Geffroy, qui a mis en examen, le 31 mai, M. Pellerin pour "tromperie aggravée" dans l'affaire de l'impact sanitaire de l'explosion de la centrale nucléaire.

Perquisitionnant l'Académie des sciences, la magistrate avait saisi les versions successives de cet article scientifique qui dédouanait le service central de protection contre les rayonnements ionisants (SCPRI) et son ancien patron de toute minimisation des risques sanitaires liés au passage du panache radioactif.

S'interrogeant sur la paternité de l'article, un récent rapport d'expertise commandé par la juge estimait que "M. Pellerin était intervenu sur (sa) rédaction". Il concluait : "On peut se demander d'ailleurs s'il n'en est pas lui-même le rédacteur."

Des écoutes posées sur la ligne du professeur Pellerin viennent accréditer ce soupçon. Le 16 juillet 2003, appelant le cabinet de son avocat, il explique à une collaboratrice de celui-ci qu'il va lui remettre une nouvelle version d'un rapport déposé à l'Académie des sciences. "J'aimerais avoir votre avis, dit-il, sur ce document que je ne signe pas mais que j'ai rédigé à 98 % et que mes collègues Coursaget, Galle et Paulin prennent sous leur entière responsabilité. C'est entendu que c'est eux qui l'ont rédigé avec mon aide."

Quelques jours plus tard, il explique à une correspondante du Commissariat à l'énergie atomique : "Galle et Coursaget ont fait un travail de relecture. Toute la partie technique, c'est moi qui l'ai faite, et je ne signe pas pour la bonne raison que si j'avais signé, (l'article) n'aurait pas été accepté."

Une autre conversation est édifiante : redoutant de devoir s'expliquer devant la justice, l'académicien Pierre Galle, premier signataire de l'article, appelle, le 19 novembre 2003, M. Pellerin, pour lui demander où il est censé avoir puisé les données qui ont nourri l'article. Aussitôt, Pierre Pellerin lui donne, presque mot pour mot, la réponse figurant dans le deuxième point de l'article de l'Académie que M. Galle est censé avoir rédigé.

La genèse du document a été laborieuse. Soumis le 17 juillet 2002 à l'Académie, l'article n'a été accepté qu'un an plus tard, le 9 juin 2003, et publié en septembre. Etait-on conscient, Quai Conti, de l'implication de Pierre Pellerin dans sa rédaction ?

Jean Dercourt, secrétaire perpétuel de l'Académie, se dit "estomaqué" par le contenu des écoutes téléphoniques. Si leur teneur venait à être prouvée en justice, indique-t-il, les Comptes-Rendus de l'Académie publieraient une mise au point. Il précise que l'article de 2003 ne constitue pas la position officielle de l'Académie sur Tchernobyl, mais qu'il avait été publié avec la mention "débat", et qu'à ce titre une éventuelle réponse serait examinée avec le même soin. Selon la procédure, l'avis des mêmes relecteurs serait sollicité, mais aussi celui des auteurs initiaux...

Malgré plusieurs relances, Le Monde n'a pas réussi à joindre MM. Galle et Coursaget. Quant à Jean Paulin, il a coupé court : sa contribution se serait bornée à enrichir le texte de données provenant de l'Institut qu'il a dirigé à Marseille. Il affirme n'avoir eu "aucune relation avec Pellerin depuis vingt ans". L'avocat de M. Pellerin, Me Georges Holleaux, sollicité à plusieurs reprises, n'a pas donné suite.

La Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), partie civile dans le dossier, réclame l'audition des cosignataires par la juge. Contestant les conclusions de leur article, l'association les accuse d'avoir "abusé de leur notoriété et de celle de l'Académie pour faire croire à une validation extérieure du travail du SCPRI et du professeur Pellerin et ainsi influencer l'instruction et l'opinion publique".

Hervé Morin et Cécile Prieur
Article paru dans l'édition du 13.07.06

"science sans conscience..etc.."

J'ai le fameux article... comment je pourrais faire pour le mettre en ligne ???

tu l'as sous quel format?

en pdf...

Vive science-direct...

chhhhhhut...

Un vrai requin ce Pellerin!

ce journal ne compte pas parmi les journaux importants (mnt tu le sais). L'écho de ce qui y est écrit a donc moins de retombées scientifiques dans la communauté.

impact factor ISI 2005 de ce journal : 1.577

l'équivalent de l'académie des sciences US : 10.231

Nature : 29.273

Science : 30.927

faux débat mon cher...
l'impact factor n'a rien à y faire puisque pour le profane, ca veut rien dire...
enfin je me permettrais d'attirer ton point de vue sur ce qui est publiable et/ou publié dans les grands journaux internationaux... je ne pense pas que ce genre d'article soit assez "clinquant" pour intéresser l'editeur de Science, PNAS ou Nature... et ca tu le sais aussi bien que moi !!

je découvre l'impact factor
d'un point de vue logique, il me semble qu'un mensonge est un mensonge qu'il soit proféré en petit ou en grand comité.

je voudrais quand meme apporter une precision à mes propos... puisque les journaux possédant un impact factor élevé sont quand meme censés etre plus pointilleux sur la pertinence des données qui sont publiées dans leurs colonnes... et je pense que c'est là où voulait en venir Scelta...
Cela dit on a deja eu plusieurs cas de mensonges publiés à haut niveau... en fait plus le mensonge est beau, plus ca tape haut !!!

j'entends Scelta qui arrive avec sa batte

Antone a écrit:

je découvre l'impact factor
d'un point de vue logique, il me semble qu'un mensonge est un mensonge qu'il soit proféré en petit ou en grand comité.

oui mais là ca rejoint, ce que dit Scelta au niveau de la portée du mensonge... si impact factor petit, journal peu important donc peu de portée internationale...

Cela dit je pense pas que Monsieur Pellerin aurait osé à envoyer ca à un journal americain, au risque de se faire tout bonnement déchirer par les specialistes de la question nucléaire au USA (et dieu sait qu'il y en a)

Dans le cas présent, la stratégie était de publier dans un petit journal peu sourcilleux et si possible de portée nationale... pour que tout ca reste une affaire franco-francaise...

Mnt : tu postes tout seul et tu reponds à ma place !! Tu sais ce que je pense et ce que j'ai voulu dire. Je reprécise ma pensée pour les autres.

La science internationale a pour mission de créer du savoir. Ce savoir est ensuite décrit dans des publications qui relatent (1) ce qu'on savait dejà sur le sujet (2) ce qu'on a découvert de nouveau (3) comment on l'a découvert.

Plus les points (1) (2) et (3) sont important dans leurs implications fondamentales (par exemple un nouvel élement découvert) ou appliquées (par exemples une nouvelle molécule anti-cancer) et plus le travail interesse le plus grand nombre, plus le journal succeptible de publier l'article en question est important. Quand on soumet un article à un journal, l'éditeur scientifique le parcours pour s'assurer que le contenu corresponds au critères du journal (discipline, sous-discipline, méthodes utilisées, nature et importantce des résultats annoncés) puis s'il valide l'article sur la forme, il demande à 2 ou 3 scientifiques réputés dans le domaine de le lire et de juger si c'est acceptable. Si oui l'article est publié sans vérification matérielle des faits expérimentaux décrits.
Cette gradation en qualité se traduit par un écho limité voir nul dans la communauté scientifique pour les articles paraissants dans de petits journaux. Quand aux erreurs involontaires ou aux impostures publiées dans les grands journaux, elles sont en général découvertes et les auteurs chatiés sur la place publique, justement parce que tout le monde lit les grands journaux. Les exemples ne manquent pas. Il est évident que la revue "Comptes rendus chimie" tout le monde s'en cague (d'ailleurs voyez par vous même c'est de la merde http://dx.doi.org/10.1016/j.crci.2004.03.008)

Comme tout système, il n'est pas parfait, c'est ce qu'a tendance à dire mnt. Mais globalement, je trouve qu'il ne fonctionne pas mal. C'est plutôt que les institutions qui nous jugent donnent trop d'importance à la quantité de publications qu'on fabrique, puisque c'est la seule chose pondérables qui sort de notre travail, ce qui amène parfois à quelques égarements.

Néanmoins je trouve que la course à la publication est infantilisante...
Et c'est le seul moyen de juger notre travail de chercheur...

Tu es dur Scelta pour "comptes rendus chimie". Cette approche des utilisations récentes de dérivés du bismuth en synthèse organique me paraît fort pertinente.