La fin du "modèle" social français?

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ÉDITORIAL
66,4 % + 44,3 %
LE MONDE | 11.03.06 | 13h44 • Mis à jour le 11.03.06 | 13h44

En matière budgétaire, il y a très loin de la parole aux actes. En décembre 2005, le ministre de l'économie et des finances avait applaudi à la publication du rapport Pébereau dénonçant la détérioration des finances publiques du pays. Thierry Breton y avait vu la preuve de son propre diagnostic formulé quelques mois plus tôt selon lequel "la France vit au-dessus de ses moyens". Les chiffres publiés le 9 mars par Bercy confirment que le pays a continué, en 2005, dans son vice. Si, par un tour de passe-passe budgétaire (soulte, modification comptable), la France a réussi à respecter in extremis le seuil des 3 % de déficit, elle a vu son niveau de dette progresser, à 66,4 %.

D'autres Etats ont une situation plus mauvaise, comme l'Italie ou la Grèce, mais aucun n'a connu de dégradation aussi rapide. En ayant accumulé les déficits depuis 1975, dernier exercice en excédent, la France a vu sa dette tripler en trente ans. Par une mécanique infernale, la dette nourrit la dette. Pour la seule année 2006, la France sera obligée d'emprunter sur les marchés financiers 120 milliards d'euros d'obligations pour assurer le service de sa dette, autrement dit pour ne pas être déclarée en faillite.

Il a été dit et répété à quel point le laisser-aller pèsera sur les générations futures. Les enfants qui naissent aujourd'hui sont déjà lourdement endettés. On oublie de dire qu'il pèse également sur les générations présentes. Pour financer ses dépenses, l'Etat doit lever des fonds. Ce n'est pas un hasard si Bercy a annoncé que le niveau des prélèvements obligatoires a, parallèlement à l'augmentation de la dette, bondi l'an dernier, pour passer de 43,5 % à 44,3 %. Autrement dit, la pression fiscale et les cotisations sociales continuent d'augmenter en France, en dépit des promesses de Jacques Chirac de réduire les impôts.

Il n'y a guère que les pays scandinaves pour avoir des niveaux de prélèvements supérieurs. La différence est que, dans ces pays, la dépense sert à financer des systèmes de protection sociale dont chacun reconnaît qu'ils sont parmi les plus généreux au monde. Les pays anglo-saxons le sont infiniment moins, mais ils prélèvent aussi infiniment moins. L'Allemagne elle-même, en dépit du coût de sa réunification, prélève une part bien moindre de sa richesse nationale, tandis que la Belgique a démontré qu'il était possible, en l'espace d'une décennie, de réduire drastiquement son endettement.

En un mot, la France réussit la prouesse de cumuler un niveau de prélèvements et de dépenses comparable à celui des pays scandinaves tout en procurant un bien-être social à peine supérieur, à bien des égards, à celui qu'on trouve aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Aux yeux de ses partenaires européens, elle est en passe de devenir un contre-modèle aussi bien fiscal que social.

Article paru dans l'édition du 12.03.06

Enfin un éditorial qui a le mérite de la franchise, et qui résume tout à fait ma pensée...

Et pour approfondir...

Le rapport Pébereau sur la dette publique:
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/054004454/index.shtml

Le rapport Camdessus sur le modèle socio-économique français:
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/044000498/index.shtml

La France est surtout championne en corruption , tout le monde tape dans la caisse enfin quand je dis tout le monde je me comprend ...

Il faut aussi savoir qu'il s'agit d'un taux d'endettement qui prend en compte les déficits futurs ...

Ce sont des chiffres qui ont peu de valeur, d'ailleurs il n'y a pour l'instant aucun problème pour emprunter sur le marché mondial ce qui ne serait pas le cas si le déficit était effectivement aussi important. Les taux d' emprunts restent bas contrairement à ce qui se passe pour d'autres pays comme l'Italie qui doivent emprunter au prix fort...

De mémoire aux usa les dépenses de santée représentent environs 24% du PIB alors qu'en France ça tourne autour des 16%. Toujours se méfier des idées reçus et

stop à la propagande

J'ai envie en lisant ça de rappeler que la politique fiscale du pouvoir en place a été clientéliste et que si les prélévèments ont augmenté globalement, ils ont baissé pour les plus gros contribuables.
Qu'en matière de prélèvements sociaux, la règle a été de dérembourser, d'augmenter les forfaits hospitaliers sans se poser la question de la politique des prix pratiquée par l'industrie pharmaceutique ou du dérapage consenti dans le domaine des honoraires médicaux.
CPP, le diagnostic de l'éditorial est juste. Mais, derrière ceux qui nous culpabilisent à longueur de journée, non seulement creusent les déficits qu'ils dénoncent mais les creusent au profit de ceux qui ont déjà beaucoup et qui n'ont pour seul mérite que celui d'être leurs amis politiques.