CORSICA NAZIONE INDIPENDENTE
CUNFERANZA DI STAMPA DI U 24 OTTOBRE 2005 IN BASTIA
La Corse a, ces dernières semaines, connu une nouvelle crise dont elle aurait pu faire léconomie. Il aurait fallu pour cela que lEtat français renonce à détourner le patrimoine corse (les navires de la SNCM en loccurrence) pour en faire cadeau à ses amis, ou bien que ses relais à la tête de la CTC acceptent dexaminer la proposition formulée depuis des décennies par le mouvement national, susceptible dassurer aux Corses la maîtrise de leurs transports maritimes : une compagnie publique corse.
Mais une fois encore, lirresponsabilité a prévalu. Corsica Nazione Indipendente tient à saluer le combat exemplaire des marins du STC qui, par laction du « Pasquale Paoli », ont fait reculer le gouvernement français, lequel a dû renoncer à son projet initial de privatisation totale de la compagnie. Pour autant, lévolution actuelle de cette dernière ne saurait, bien évidemment, nous satisfaire.
Aussi, Corsica Nazione Indipendente est conduite à soumettre au débat ses propres propositions. Ces dernières sinscrivent naturellement dans une perspective de souveraineté pleine et entière, lindépendance nationale, qui, en la matière comme en dautres, correspond pleinement aux besoins actuels des Corses. On peut dailleurs mesurer, à travers les semaines que nous venons de vivre, la nocivité de la situation de tutelle et de dépendance que la France a méthodiquement installée sur notre terre.
Il nous faut à cet égard dissiper une ambiguïté entretenue à dessein par Paris : les nationalistes nont jamais demandé à lEtat français de rester majoritaire dans le capital de la SNCM, ce qui aurait évidemment constitué plus quune contradiction doctrinale : une véritable aberration. Le mouvement national, dans ses composantes politique et syndicale, na cessé de répéter quil était favorable à une compagnie publique corse.
Aujourdhui, notre position est inchangée : plus que jamais, nous réaffirmons que seule une compagnie maritime maîtrisée par le peuple corse peut permettre de sortir de cette situation de dépendance hautement préjudiciable à nos intérêts collectifs.
Deux pistes peuvent, dès à présent, être proposées :
- 1ère option : création dune société placée sous le contrôle de lAssemblée de Corse :
Il sagit du schéma déjà adopté pour les transports aériens. Les politiques qui y sont hostiles se sont, pour lheure, bornés à affirmer que cette hypothèse nétait pas réaliste, sans toutefois le démontrer et, surtout, il y a quelques jours encore à lAssemblée territoriale, en sopposant résolument à toute étude de faisabilité. Sils étaient sincèrement convaincus que notre proposition nétait pas réalisable, ils ne sopposeraient évidemment pas à une étude de faisabilité, dont, par hypothèse, ils nauraient rien à redouter !
Dans cette option comme dans la suivante, le siège social de la société serait évidemment fixé en Corse (à la différence de celui de la SNCM), et son capital pourrait être réparti entre :
- la Collectivité Territoriale de Corse ;
- les deux conseil généraux (du moins à titre transitoire, car leur suppression à terme demeure une absolue nécessité, si lon veut parvenir à mettre en uvre une administration rationnelle de la Corse) ;
- les chambres consulaires ;
- des actionnaires salariés de la compagnie ;
- des actionnaires privés corses, de lîle et de la diaspora.
- 2ème option : création dune société mutualiste :
Cette démarche présenterait lavantage de sadresser à lensemble du peuple corse en lui proposant de sinvestir directement dans la maîtrise de ses transports maritimes à travers une participation au capital de la société. Elle rejoint les préoccupations sociales et nationales qui ont toujours été celles du mouvement patriotique corse. Rappelons que dans une société mutualiste, chaque actionnaire ne dispose que dune voix (ce qui réduit linfluence des gros apports financiers dans la gestion de lentreprise et bénéficie aux petits actionnaires). Le peuple corse, dans son ensemble, maîtriserait donc lopération, ce qui constitue notre objectif essentiel. Autre particularité de la société mutualiste : son capital est verrouillé. Il est donc impossible pour une société extérieure de semparer de la société. Les parts possédées par chaque actionnaire nétant pas librement négociables, elles ne peuvent être achetées par un concurrent.
Ainsi, simposerait une logique novatrice : les Corses prendraient désormais directement et à titre collectif une part importante du marché du transport, et adapteraient le fonctionnement de lentreprise à leurs propres besoins et à leurs propres objectifs économiques et politique. Il sagit clairement dune logique de souveraineté.
Dans les deux cas, il convient de passer de relations exclusives avec la France à des relations multiples, dans les cadres européen et méditerranéens qui constituent notre environnement naturel. Aussi, il conviendra de desservir de nouveaux ports méditerranéens comme Barcelone, Gênes, etc. Ces perspectives rejoignent celles évoquées dans le projet élaboré, et récemment présenté à la presse, par le STC marins.
Voici, brièvement résumées, deux pistes que nous soumettons à la réflexion de chacun, étant précisé que nous sommes naturellement prêts à examiner toute autre hypothèse prenant en compte les intérêts fondamentaux de la Corse.
Ces deux propositions seront débattues prioritairement avec nos partenaires dUnione Naziunale.
Elles sinscrivent dans le cadre de lélaboration, annoncée depuis quelques semaines, dun véritable projet de société, visant à donner un contenu précis, dans tous les domaines, à notre revendication dindépendance nationale.
Nous avons décidé de commencer par les transports maritimes, dune part pour tenir compte de lactualité et dautre part en raison du caractère hautement stratégique de cette question. De façon générale, le pari de notre projet de société est de démontrer que la souveraineté pleine et entière répond aux vrais besoins de la Corse daujourdhui. Il ne simpose à personne. Il nexclut pas les avancées politiques graduelles. Il est simplement la contribution des indépendantistes au débat, dans tous les secteurs de la vie des Corses.