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Clubs de football : la nouvelle folie des stades
LE MONDE | 24.01.07 | 15h49 • Mis à jour le 24.01.07 | 15h49

En une Coupe du monde de football - organisée par l'Allemagne en 2006 - le Stade de France, orgueil du Mondial 1998, a pris un méchant coup de vieux. Les enceintes allemandes bâties ou rénovées pour la même manifestation ont proposé une telle qualité d'architecture et de confort de vision aux spectateurs que les stades français, y compris son plus prestigieux, ont paru d'un autre âge.


L'organisation politique des deux pays n'y est pas étrangère : la France, jacobine, a concentré ses efforts sur la capitale, avec un équipement polyvalent pour viser, ensuite, l'obtention des Jeux olympiques de 2012 - avec le succès que l'on sait. Les stades des métropoles régionales, eux, ont été le plus souvent rafistolés, et aucun n'est actuellement aux normes pour accueillir une finale de la Ligue des champions.

A l'inverse, en Allemagne, pays décentralisé, douze stades ont été construits ou rénovés pour le Mondial. L'étude annuelle du cabinet de conseil Ineum Consulting, intitulée "Finances et perspectives du football professionnel 2006", rendue publique le 23 janvier, le souligne : en RFA, "un club sur deux des 1re et 2e divisions aura bénéficié d'une nouvelle enceinte depuis 2000".

Il s'agit de "stades compacts", précise l'étude, sans piste d'athlétisme, "avec des gradins plus proches du terrain, de grands écrans et des systèmes audiovisuels modernes". La référence en la matière est la Veltins Arena, à Gelsenkirchen (278 000 habitants), où évolue le club de Schalke 04 (48 000 abonnés).

Inaugurée en 2001, cette enceinte d'une capacité de 61 000 spectateurs propose 72 "loges VIP" sur le pourtour du terrain. Son toit en fibre de verre recouverte de Téflon est rétractable en trente minutes et son aire de jeu amovible : il faut quatre heures pour sortir la pelouse afin qu'elle ne soit pas endommagée par l'accueil des concerts. L'investissement s'est élevé à 191 millions d'euros.

Au sujet de la France, l'étude rappelle "le caractère peu visionnaire des travaux entrepris pour la Coupe du monde 1998". Si, depuis, "des projets intéressants ont été réalisés ces dernières années (Rennes, Sedan, Sochaux, Nancy...), ils ne concernent aucun stade de capacité supérieure à 35 000 places", observent ses auteurs. Pour tenter de combler le retard, onze clubs français ont lancé des projets - cinq sont en cours - pour un coût moyen de 50 millions d'euros. Les deux plus gros concernent le LOSC à Lille et l'Olympique lyonnais. Plus ambitieuses (300 millions d'euros pour Lille, 200 à 250 pour l'OL), ces deux opérations devraient être livrées en 2010.

"Si l'ensemble des projets se réalise, signale l'étude, 50 % du parc de stades des deux premières divisions auront été renouvelés dans les années 2000-2010, et la capacité totale de la Ligue 1 aura augmenté de 17 %." Car, conséquence évidente d'une politique de rénovation, "les parcs le plus modernes sont aussi ceux au taux de remplissage le plus élevé".

La qualité des infrastructures contribue à faire du championnat d'Allemagne le plus populaire d'Europe : malgré une légère baisse ces derniers mois, le taux de fréquentation des stades y est le plus élevé, avec 36 328 spectateurs par match de 1re division, selon la Ligue de football allemande (DFL). En Angleterre, cette moyenne est estimée à 33 800 spectateurs. Pour parvenir à ce résultat, les clubs anglais travaillent notamment, selon l'étude d'Ineum Consulting, "sur l'impression de saturation de l'offre".

L'accent est mis sur la qualité des services : points de restauration rapide performants, tribunes chauffées, garde d'enfants, cartes d'abonnés facilitant l'accès. Ces équipements exigent de lourds investissements.

Qui paye ? En Angleterre, les collectivités locales ont participé à la construction et à la restructuration des stades à hauteur de 300 millions d'euros depuis 2000. Les clubs de 1re et 2e divisions, majoritairement propriétaires de leur stade, ont engagé 1,33 milliard d'euros sur leurs fonds propres.

En Allemagne aussi, les financements sont mixtes. En France, les stades, à part celui de l'AJ Auxerre, appartiennent aux municipalités, qui les louent aux clubs.

"Leur financement est le fait majoritaire des pouvoirs publics", écrivent les auteurs de l'étude. Cette situation, qui "comporte de nombreuses limites", est dépassée par de nouveaux modes d'investissement qui permettent des partenariats privés-publics. D'où divers montages mis en oeuvre : participation financière directe des collectivités ; garantie de prêts bancaires ; vente ou échange de terrain en termes favorables ; aménagement de voiries et de transports publics...

Reste que la gestion des équipements doit atteindre l'équilibre financier, voire susciter des recettes. Des clubs misent sur les loges privatives et les sièges "premiers". Manchester United prévoit de "réaliser 43 % de son chiffre d'affaires "Matchday" (jour de rencontre) grâce aux 9 % des places le plus chères".

Le stade peut aussi proposer des commerces, et ses locaux accueillir des séminaires, surtout s'il dispose d'hôtels à proximité. Mais une pratique venue des Etats-Unis s'implante en Europe lors de la construction de nouveaux stades : le naming right. Ce "droit d'appellation" consiste à offrir à une entreprise de baptiser un équipement à son nom, en contrepartie d'un financement important. Le cas le plus récent est celui du club anglais d'Arsenal, dont le nouveau stade porte le nom d'une compagnie aérienne du golfe Arabo-Persique, qui s'est engagée à lui verser 75 millions d'euros sur quinze ans.

Banques et assurances, pétroliers, entreprises de communication, d'autres encore paient ainsi une notoriété plus efficace et constante que l'apparition sur les maillots des joueurs. Ineum signale un seul échec dans ce type de partenariat : The Friend's Provident St Mary's Stadium, partenaire du club anglais de Southampton. Il était peut-être difficile de s'approprier une telle appellation.

L'Olympique lyonnais devrait être le premier club français à donner le nom d'une société à son futur stade.

Bruno Caussé
Article paru dans l'édition du 25.01.07. Elections 2007 : Le Monde chez vous pour 16€/mois

Le stade Amrmand Césari pourrait ainsi devenir le stade Véolia,

ou pire Vendasi BTP

vince a écrit:

Le stade Amrmand Césari pourrait ainsi devenir le stade Véolia,

ou pire Vendasi BTP

Ou pire encore Zuccarelli Scruccunaria Holding (in association with the Barbu compagny).