de l'usage des chiffres dans l'argumentaire

Je viens de lire un énième sujet sur la France dans lequel de façon assez péremptoire, un intervenant rappelle que les français ont donné 20% de leurs voix à l’élection présidentielle à Le Pen..
Rappelons les données de cette triste élection..

1er tour Haute Corse
Chirac 25,70%
Jospin 15,70%
Le Pen 14,22%

1er tour Corse du Sud
Chirac 27,66%
Le Pen 17, 41%
Jospin 15%

A l’échelon national, nous avions
Chirac 19,88%
Le Pen 16,86%
Jospin 16,18%

Second tour Haute Corse
Chirac 81,57%
Le Pen 18,43%

Second tour Corse du Sud
Chirac 77,70%
Le Pen 22,30%

A l’échelon national
Chirac 82,21%
Le Pen 17,79%

Donc, un peu de modestie dans le maniement des chiffres qui sont bêtement têtus Au second tour, les départements corses font partie de ceux qui ont donné à Le Pen des scores supérieurs à ceux de la moyenne nationale.

Il faudrait examiner aussi l'abstention pour comparer des taux d'expres​sion(par exemple si à tel endroit le Pen fait 80% mais qu'en même temps il y a 10% de votants...)

je n'ai pas cherché à affiner par trop l'analyse, il y aurait beaucoup à dire par exemple du doublement du score national de la liste CNPT.
Mon idée est tout autre. Depuis quelques temps, je ne discute plus guère des concepts. Par contre, les chiffres, il ne faut pas leur tordre le nez.

pour ne rien te cacher, je suis fasciné par la façon dont on torture statistiques et concepts dans le but, de faire rentrer un triangle dans un trou carré à la manière de ces jeux éducatifs, dont tu découvriras bientôt les usages.
Tu me permettras de te donner un exemple...
Anecdotique, hélas. il s'agit du match Corti Rennes à l'issue duquel les joueurs bretons se ont pleins d'avoir subi des insultes racistes de la part du public et des joueurs.
On en parle pas dans le Monde, à TF1 ou dans Libé, c'est tristement banal. C'est évoqué sur les sites rennais pour l'essentiel et repris dans la presse spécialisée.
La réaction est immédiate. Il s'agit une fois de plus d'une diffamation et d'un procès en sorcellerie fait au peuple corse.
Je jette un oeil distrait aux forums où on en parle et tout spécialement sur celui d'Ajaccio où certains ont été au stade..
Je lis ce message d'un modérateur

Citation :

Je ne sais pas ce qui s'est dit sur le terrain, mais dans les tribunes ça n'a pas arrêté. Je suis arrivé à la mi-temps, en tribune d'honneur, il n'y avait que des cris de singe, j'hallucinais ! j'ai changé de tribune, je me suis pointé à JB Poli, idem (et je passe sur les insultes racistes)

Vous pouvez dire qu'on est dans l'oeil du cyclone, que tout le monde nous casse du sucre sur le dos que personne ne nous aime et qu'on nous fait de la mauvaise publicité, mais la vérité est là : c'était pitoyable et le phénomène s'amplifie vitesse grand V

Il faudrait, je pense, admettre une bonne fois pour toute qu'on part en couille en Corse et de toujours chercher des excuses.

Plutôt que de fustiger les médias, il faudrait plutôt réaliser ce qui se passe chez nous et arrêter de minimiser ces faits (ou de trouver des excuses)

Réaction saine d'un témoin oculaire, une partie du public aussi con que la moyenne des publics de stade de football, a eu un comportement raciste. Et la foi, je trouve l'analyse lucide. Pas de politique de l'autruche. Il suffit de dire que ce sont des abrutis sans tourner en rond pendant des heures.

Les réponses à ce message étaient prévisibles:
1/ ça se passe partout pareil
2/ on monte ça en épingle pour noircir le tableau et faire passer les corses pour des racistes

Je suis désolé, mais je suis corse et pas raciste. Je ne me sens pas solidaire le moins du monde des cons qui font des cris de singe et je ne vois pas ce que le peuple corse a à gagner en les défendant. Ce n'est pas davantage un complot. Il s'agit de faits qu'il ne faut pas s'obstiner à nier ou à minorer sous prétexte que toute remarque venue de l'extérieur est forcément une attaque.Et le fait que ça se passe partout pareil ailleurs n'est pas une consolation. Et ça n'a pas été monté en épingle, il faut aller les chercher les articles qui en parlent.

Tu vois bien entendu le rapport avec le premier post. C'est bien beau d'empêcher Le Pen d'atterrir physiquement, mais si on lui ouvre les portes des cerveaux, ça ne sert à rien

Abstention 1er tour :

2A : 40 %
2B : 42 %
National : 29 %

Abstention 2nd tour :

2A : 31 %
2B : 34 %
National : 21 %

oui et alors? On raisonne sur 100% de suffrages exprimés. Et personne n'a jamais réussi à dire pour qui auraient voté les abstentionnistes. L'idée que ceux qui n'ont pas voté sont plus anti le pen que ceux qui l'ont fait reste une pure hypothèse.

Comme le contraire.

non, non..moi je raisonne sur les votes connus et je me fiche de ce que pensent les abstentionnistes. C'est Ghjattu qui pose la question du poids relatif de l'abstention. Moi, je m'interesse aux 100% de votes exprimés lesquels donnent une tendance et en tout état de cause pour en revenir au tout début, ça devrait rendre plus pondéré dans les reproches qu'on adresse.

Ce qui saute aux yeux c'est :
1. Une abstention plus massive qu'ailleurs
2. Dans les suffrages exprimés, une part plus importante du FN

Voilà les résultats
10,45% des Corse (du sud), 8,25 des Corse (de Haute Corse) et 11,97 des électeurs français ont voté le Pen au premier tour
15,39% des Corse (du sud), 12,16 des Corse (de Haute Corse) et 14,05 des électeurs français ont voté le Pen au deuxième tour

On notera la place de la Corse du Sud au second tour. Une analyse statistique (régression linéaire à plusieurs facteurs) sur les 365 communes (1 pazr jour de l'année) de Corse pourrait seule permettre de dire d'où vient l'excédent de voix au deuxième tour

je ne sais pas d'où tu sors ces chiffres, j'ai dû louper une partie du raisonnement
résultats complets Haute Corse http://www.interieur.gouv.fr/avotreservice/elections/presid2002/02B/
et Corse du sud
http://www.interieur.gouv.fr/avotreservice/elections/presid2002/02A/

Le taux d'abstention fausse complètement l'analyse. Il faut raisonner sur les suffrages ramenés aux inscrits. L'analyse est un peu diufférente mais on voit des choses intéressantes.
Remarque : je suis parti de l'hypothèse que le vote Le Pen est plus faible en Corse qu'ailleurs et que le taux d'abstention important gonfle l'effet le Pen (différentiel de mobilisation des votants).
Je calcule en aveugle les ratios.
Je ne valide que très imparfaitement mon hypothèse (cf Corse du sud au second tour).

Tords le problème dans tous les sens..60% des votants c'est une sacrée tendance, mieux qu'un sondage sur un échantillon représentatif.

Non, il y a le biais des abstentionnistes qu'on doit considérer comme abstentionniste. Relis mon raisonnement et tu verras que ta conclusion de départ est proche de la vérité mais qu'il y a des nuances.

Ghjattu, je te taquine.
Encore que la commune du mansu a donné la majorité à le Pen... donc ça me fait moyennement rire.
L'idée de départ n'est pas d'analyser les résultats avec une finesse non dépourvue de militantisme mais de faire remarquer qu'on ne peut en l'état reprocher aux français d'avoir voté Le Pen à 20%, alors qu'on est pas meilleur sur ce coup...
sinon, l'abstention en 2003 pour la consultation locale était aussi de 40% environ

1er tour :

Finistère : Chirac (101.792), Jospin (85.911), Le Pen (50.028)
Côtes d'Armor: Chirac (64.332), Jospin (61.040), Le Pen (37.049)
Morbihan : Chirac (81.711), Jospin (60.422), Le Pen (53.797)
Ille et Vilaine : Chirac (94.703), Jospin (79.142), Le Pen (46.449)
Loire Atlantique : Chirac (109.247), Jospin (104.631), Le Pen (67.214)

Total : Chirac (20,83%), Jospin (18,04%), Le Pen (11,74%)

2ème tour :

Finistère : Chirac (446.636), Le Pen (52.745)
Côtes d'Armor : Chirac (300.021), Le Pen (39.753)
Morbihan : Chirac (337.126), Le Pen (54.364)
Ille et Vilaine : Chirac (439.600), Le Pen (49.849)
Loire Atlantique : Chirac (561.582), Le Pen (70.653)

Total : Chirac (88,63%), Le Pen (11,36%)


Et pourtant, Le Pen est breton...

A l'analyse de toutes ces stats il faudrait rajouter le pourcentage de votes blancs (malheureusement nuls !) qui faussent également le pourcentage réel de ceux qui se déclarent adhérer aux thèses du FN.
Au delà de çà je pense qu'il faut exclure le résultat du 2eme tour de toutes réflexions : les motivations des uns et des autres pouvant être complètement antinomiques et en tous cas irrationnelles par rapport à des convictions partisanes !

à Homo Erectus: c'est une des raisons pour lesquelles j'aime bien les bretons.
à La Luz: analyse partagée

Cio chi mi stona u piu,ghjè a crescita di i risultati di le Pen tra 95 e 2002.


PS:Un altra quistione,seranu tutti Corsi quelli chi votanu in Corsica?

inno, i corsi votanu bè, so i furesteri chi votanu a Le Pen

Bella risposta

A vecu ch'ellu hè pussibule di ragiunà cun tè...

mancu tu a credi cio chi aghju scrittu...indè u Mansu, per esempiu, piu di a milita di l'elettori anu vutatu a u guerciu.

Siciru chi in Mansu,l'elettori seranu Corsi...ma un ci vole à di "vote des corses" ma "votes en Corse"...chi so belli numerosi quelli chi facenu u passa e vene e chi votanu dinu...

Ancu s'ellu un cambia micca l'affare per cio chi tocca à i risultati mi pare...

MA a mo quistione a piu importante era quella di a crescita tra 95 e 2002 mi pare...

D'où viennent ces voix (de quel camp, des nouveaux inscrits ? Des anciens abstentionnistes?) Il faudrait aussi raisonner en nombre brut entre 1995 et 2002

Peu importe qui vote pour qui, et si ceux qui ont voté le Pen sont Corses ou non, je partage ce que tu dis Misgiu concernant l'écart entre 95 et 2002...

Cela dit, vous pourrez retourner les scores dans tous les sens, les faits sont là, le Pen était au deuxième tour.

On peut faire dire ce qu'on veut aux chiffres, le bulletin le Pen mis dans l'urne n'est pas un bulletin d'abstentionniste.

Ceux qui se sont abstenus ont eu tort et s'ils avaient voté, on ne sait si le Pen ne serait pas passé.

Là où je rebondis, c'est sur ce que dit Antone avec le témoignage de la personne dans les gradins de Coty...

Toute la mascarade qui consiste à nier ce phénomène vient du fait que nous ne voulons pas ressembler aux autres (et notamment aux "français") mais qu'en l'occurrence, le fait est là, nous sommes comme eux...