Football - Ligue 1 Un Sporting renversant Publié le lundi 13 août 2012 à 07h00
Auteur d'un doublé, Maoulida partage sa joie avec les supporters bastiais qui avaient fait le déplacement au stade Bonal.PQR/L'Alsace/Lionel Vandam
Pour leur retour parmi l’élite, le SCB a frappé
un grand coup. En s’imposant logiquement, après avoir été mené au score,
il a prouvé qu’il était prêt pour la L1. Même s’il faudra corriger
certaines choses
C'est souvent dans l'adversité et les coups durs qu'un groupe se
construit et se soude. Pour son retour en Ligue 1, sept ans après
l'avoir quitté, le Sporting pouvait rêver à un déplacement moins
mouvementé...
Levés à 7h, les hommes de Frédéric Hantz n'ont pu
rejoindre le Doubs que sur les coups de 18h30, soit moins de trois
heures avant le coup d'envoi de la saison. Dix heures de galère et
d'attente usantes mentalement mais surtout physiquement. Engoncés
pendant trois heures dans un ATR puis pendant près de deux heures dans
un bus, les Bleus auraient pu espérer mieux comme préparation. En effet,
la traditionnelle sieste, la collation ou encore la causerie d'avant
match ont été laissées au placard pour parer au plus vite et rejoindre
le Stade Bonal dans les temps.
« Franchement quand nous étions dans le bus, je me suis demandé comment nous allions faire pour tenir physiquement,avoue Yannick Cahuzac.
Et
puis j'ai regardé autour de moi et j'ai vu un groupe décontracté qui
riait jaune, mais qui riait tout de même de nos mésaventures. Anciens et
nouveaux se sont vraiment rapprochés sur ce voyage et sur le terrain
cela s'est immédiatement ressenti.» En effet, jamais pris à
défaut par le FC Sochaux, le Sporting a su faire preuve d'une maîtrise
des plus étonnantes pour un promu. Calme, ne cédant jamais à la
nervosité, à l'image de Cahuzac auteur de seulement trois fautes dans le
match, les Bleus ont prouvé qu'ils avaient leur place parmi l'élite du
foot français.
« Cette victoire est vraiment très importante pour plusieurs raisons,analyse Frédéric Hantz.
La
première est que sur le groupe de samedi soir huit joueurs ne
connaissaient pas la Ligue 1 et d'autres très peu. Ce manque
d'expérience provoque toujours certaines appréhensions et nous l'avons
vu sur le début de match avec certaines erreurs inhabituelles. Donc ces
joueurs vont prendre de la confiance. Ensuite, ce résultat est
positif car il s'agit d'une victoire à l'extérieur et à l'avenir cela
nous prouvera que nous sommes capables de le faire. Et enfin, je suis
très satisfait car nous nous imposons sans être exceptionnels. Et
quand tu gagnes sans être vraiment très bons c'est très intéressant.
Nous avons désormais une vraie base de travail et nous savons que nous
avons certains secteurs de jeu à améliorer notamment sur le secteur
défensif. ». Fébrile sur les coups de pieds arrêtés A
commencer par les coups de pieds arrêtés où la défense bastiaise a été
souvent prise en défaut en encaissant d'ailleurs deux buts.
Un
manque de maturité et d'expérience pour certains défenseurs qui devront
s'habituer aux exigences de la Ligue 1 et à la vivacité et à la
puissance des attaquants de l'élite. Mais il ne s'agit là que d'un
détail car, samedi soir, beaucoup au stade Bonal se sont demandés qui du
Sporting ou de Sochaux était le promu.
Le meilleur exemple
venant de l'attitude des Bastiais tout au long de la rencontre mais
surtout après l'ouverture du score sochalienne. A aucun moment, les
partenaires de Sylvain Marchal n'ont paniqué et perdu la maîtrise de la
rencontre.
Un SMarchal qui, sans aucun doute, deviendra en
compagnie de « Cahu » et Rothen, l'un des tauliers de cette équipe
bastiaise. Jamais dépassé, il a été le chef d'orchestre du secteur
défensif des Bleus. En replaçant et recadrant constamment ses
coéquipiers, il a insufflé une énorme confiance au groupe de Frédéric
Hantz.
Un groupe qui a tout simplement dominé de la tête et des
épaules cette rencontre. Si sur le nombre d'occasions franches, les deux
équipes se sont rendues coup pour coup, dans le jeu, le SCB était un
cran au-dessus. Le Sporting a enregistré à la fin des débats une
possession de balle de près de 60%. Pas mal lorsque l'on est considéré
comme le petit poucet et que l'on s'est « frappé » dix heures de voyage !
« Psychologiquement ce n'était vraiment pas évident, admet Hantz,
après notre déplacement rocambolesque. J'ai
fait une causerie très courte dans le vestiaire car je ne voulais pas
rajouter de pression. J'étais tout de même inquiet car ce genre de
situation peut vous faire sortir d'un match. Mais au final on a
parfaitement géré malgré notre début un peu mou. Nous avons posé notre
jeu comme nous le faisons depuis deux saisons. Et en seconde période, on
s'aperçoit que c'est important d'avoir 18 joueurs au niveau Ligue 1 car
c'est le banc qui fait la différence.» Hantz a réussi son coup Et quelle différence !
En
faisant entrer Khazri et Maoulida à vingt-cinq minutes du terme, Hantz
s'est offert un coaching payant. Mais au-delà, c'est toute la tactique
mise en place par l'entraîneur bastiais qui est saluée.
En
titularisant contre toute attente Palmieri et Thauvin, au détriment de
Khazri et Maoulida, le Ruthénois a tenté un sacré coup de poker. Un coup
de maître puisque les deux jeunes bastiais ont été les plus actifs sur
le terrain avec une mention spéciale pour Julian Palmieri, auteur de la
première passe décisive. Grâce à leur fougue et leur générosité, les
deux espoirs n'ont eu de cesse d'enchaîner les courses sur le terrain,
se démultipliant pour être à la baguette offensivement mais surtout
défensivement, étouffant toutes les relances sochaliennes.
« La démarche a été de bloquer les couloirs sochaliens, explique Hantz. C'est une équipe qui repart souvent de l'avant avec Corchia ou Sauget.
Du
coup, Thauvin, Palmieri et Yatabaré, qui sont des joueurs très actifs
sur le terrain, avaient pour rôle de venir contrer cette première
relance. J'avais géré le match sur deux parties. Durant la
première heure en essayant de contrôler Sochaux tout en se projetant
vers l'avant. Puis sur la fin de match, en faisant rentrer des joueurs
très offensifs pour faire la différence. C'est un choix qui permet de
prouver à tout le monde qu'ils auront leur chance et que tous doivent se
remettre en question. » Un discours qui visiblement a fait
mouche à l'image d'un Wahbi Khazri des grands soirs durant ses vingt
minutes passées sur le terrain. Auteur de deux passes décisives,
l'international Espoirs a affiché tout son talent sur son côté gauche en
donnant le tournis à la défense doubiste sur chacune de ses prises de
balles.
Que dire alors de l'entrée de Toifilou Maoulida, buteur
par deux fois et de la tête ! Très actif sur le front de l'attaque, il a
su s'arracher pour venir offrir la victoire aux siens. De très bon
augure pour la suite de la saison.
D'autant que son compère de
l'attaque, Anthony Modeste, a lui aussi fait parler la poudre pour sa
première apparition sous le maillot bleu.
Le Sporting a donc
lancé sa saison de la meilleure des façons. Mais il ne faudra pas céder à
l'euphorie, car la Ligue 1 ne pardonne aucun excès de confiance et il
faudra continuer à travailler.
« C'est justement cela qui est intéressant,sourit Hantz.
Il
y a une grosse marge de progression dans cette équipe. Il faudra
améliorer de nombreux secteurs et cela nous permet de rester concentrer
sur notre travail. Samedi soir nous avons réalisé une bonne performance
pour un promu et qui plus est à l'extérieur. Reste maintenant à
confirmer.» A commencer dès samedi prochain face à Reims. En
espérant pouvoir évoluer dans un stade Armand-Cesari, qui après ce
premier succès, promet d'être explosif !