Le survivant d'Oradour-sur-Glane reçoit une lettre d'insultes
Robert Hébras.
Il a déjà reçu des cassettes ou un mémoire révisionniste par la poste, des courriers pour lesquels il n’a jamais déposé plainte. Mais cette fois, Robert Hébras a décidé de réagir face à la violence de l’attaque.
Il vient de porter plainte, le 22 février, à la gendarmerie, pour que cesse enfin ce type de courriers. « Les lettres, je ne les compte plus. Mais cette fois, j’ai trouvé que cela suffisait. »
« Qu’aurait été ma vie ? »
Dans ce courrier évidemment anonyme, dactylographié et intitulé “Honte à vous”, l’auteur s’en prend directement à Robert Hébras. « Vous auriez mieux fait d’y rester. Pauvre con qui veut réécrire l’histoire [...] qui accuse à tort. Vous ne méritez pas votre carte d’identité alors que les Alsaciens se sont battus et ont payé cher... »
Une missive qui a été postée alors que devait avoir lieu, le 6 février, le procès en appel de Robert Hébras. Evoquant les « Malgré Nous », dans son ouvrage « Oradour-sur-Glane, heure par heure », il avait écrit sur les « soi-disant incorporés de force ». Une phrase qui avait déclenché la colère des associations et des poursuites judiciaires.
En première instance, le natif d’Oradour avait été relaxé. Le procès en appel, reporté finalement en juin, a suscité de nouvelles réactions... Agé de 86 ans, celui qui a perdu deux sœurs et sa mère dans le massacre du 10 juin 1944 dit « ne pas regretter d’avoir écrit ce livre » et accepte que l’on médiatise sa démarche.
« Il ne se passe pas deux jours sans que j’y pense »
« Je ne veux pas parler sans cesse de ce qui s’est passé ce jour-là. Je le vis assez en moi pour ne pas le faire vivre aux autres. Vous savez, il ne se passe pas deux jours sans que j’y pense. Mais si je parle aujourd’hui, c’est parce que les gens ne savent pas que des personnes nous écrivent encore ce type de choses. Depuis mes 19 ans, ce jour du 10 juin 1944 est inscrit en moi et il partira quand je partirai... »
Celui qui est aujourd’hui l’un des deux derniers rescapés du massacre, qui fit 642 victimes le 10 juin 1944, avoue être taraudé par une question. « Souvent, je me demande ce qu’aurait été ma vie si je n’avais pas vécu ça. Je me demande ce que j’aurais fait, ce que je serais devenu. »