Nicolas Anelka: il y a vraiment des baffes qui se perdent Antidote - blogueur associé | Dimanche 20 Décembre 2009 à 07:01 | Lu 10018 fois
La solidarité nationale entre citoyens, c'est une chose que le footballeur Nicolas Anelka semble avoir oubliée. Antidote se charge de lui rappeler ce qui permet de former des jeunes comme lui au sport de haut niveau, et ce qui aurait permis de le prendre en charge s'il lui était arrivé quoi que ce soit : l'impôt. Mardi, dans
20minutes.fr, j’ai eu l’occasion de lire, dans un entretien avec le footballeur Anelka, un passage qu’il faudrait graver dans le marbre tant il symbolise l’air du temps. Qu’on en juge :
Qu’est ce qui vous manque en Angleterre, que vous aviez en France?Rien. En France, tu ne peux pas faire ce que tu as envie. J’aimerais bien habiter en France, mais ce n’est pas possible. On sait pourquoi, niveau fiscalité… Si je veux rouler en grosse voiture, je suis regardé différemment. J’aime bien aller à Paris, c’est ma ville. Mais quand je sais que je peux repartir. Deux semaines, un mois, six mois, c’est bien.Je ne veux pas jouer au foot et payer (ndlr, aux impôts) 50% de ce que je gagne. L’argent que j’ai, il est pour mes enfants (ndlr, il n’en a qu’un pour le moment). Si je peux leur offrir quelque chose, je le ferais là où il n’y a pas de fiscalité. C’est comme ça que je le vois. Si certains sont choqués tant pis. Mais la France, c’est un pays hypocrite.
Voilà. Tout pour ma gueule, et celle de ma progéniture.
L’école étant obligatoire jusqu’à seize ans, footballeurs compris, Nicolas Anelka a pourtant certainement assisté à quelques cours d’instruction civique. Il semble malheureusement qu’au cours de ces derniers, il se soit souvent assoupi près du radiateur. Dévouons-nous donc pour lui en rappeler quelques rudiments agrémentés d’exemples concrets.
Imaginons un jeune adolescent de 14 ans en 1993. Nous l’appellerons Nicolas A. Il entre dans à l’Institut National du Football à Clairefontaine dans la région parisienne. Il s’agit d’un centre de formation financé par l’Etat et qui a pour but de former ce qui pourrait devenir l’élite du football de demain. Financé par l’Etat, cela signifie que c’est payé par les impôts. J’ai donc participé moi-même à loger, nourrir et blanchir Monsieur Anelka puisque je payais des impôts ces années-là. J’ai aussi participé à payer tous les entraîneurs qui lui ont appris à contrôler correctement un ballon, les masseurs qui ont pris soin de ses beaux muscles et les jardiniers qui tondaient la pelouse sur laquelle il allait s’entraîner.
Voilà à quoi sert la fiscalité, notamment. C’est aussi très pratique pour financer le bitume sur lequel la Ferrari et la Porsche pourront rouler. Mais il n’y pas que cela. En France, nous avons un système qui s’appelle «
Sécurité sociale ». Revenons au petit Nicolas A., footballeur à Clairefontaine en 1994. Il a un gros bobo au genou. Grâce à l’assurance-maladie et aux cotisations que tous les travailleurs voient déduites de leurs salaires, on a pu le remettre sur pied afin qu’il puisse continuer à jouer et à devenir un grand footballeur. Moi-même, j’ai donc participé à soigner les bobos de Monsieur Anelka.
Donc, Monsieur Anelka préfère vivre en Angleterre. La fiscalité y est plus douce, surtout pour les stars du ballon rond. Cela comporte quelques inconvénients. Par exemple, beaucoup d’Anglais viennent se faire soigner à Calais. Et, dans le pays de Sa Gracieuse Majesté, on forme beaucoup moins de footballeurs de qualité qu’en France. Il n’y a pas d’INF. Les clubs anglais préfèrent acheter le joueur déjà formé, brésilien, néerlandais, africain ou français. C’est moins hasardeux. J’entends déjà mon Nicolas qui rétorque :”
Ils sont bien plus malins, vous zavez qu’à faire pareil !” Sauf que si tout le monde fait pareil, on ne forme plus de joueurs et on a une qualité du foot qui disparaît.
Nous sommes en Angleterre. Restons y. Allons même à Londres, dans le quartier de Chelsea. Il y a là un club qui, notamment, rémunère grassement un certain Nicolas Anelka. Oui, 483 000 euros mensuels, on peut estimer que le mot «
grassement » n’est pas de trop. Ce club est la propriété d’un certain Abramovitch. Au prix où sont payés les joueurs dans cette équipe, il va de soi que le proprio y met beaucoup de sa poche personnelle. En tant que citoyen français, évidemment, je n’ai rien à dire contre ce mécénat. Chelsea est la danseuse de Monsieur Abramovitch ; c’est son droit le plus strict après tout. Si j’étais citoyen russe, en revanche, je serais un peu plus agacé. Car la fortune de Roman Abramovitch s’est construite sur le dos du Peuple russe, spolié par la privatisation de l’industrie pétrolière pendant les années Eltsine.
Donc, en France, on prélève et redistribue davantage que de l’autre côté de la Manche. Pourtant, un autre Nicolas a mis en place un bouclier fiscal à 50 %. Cela ne suffit pas à Anelka. L’autre Nicolas, pourtant, n’aime pas beaucoup l’hypocrisie. Il n’arrête pas de le dire. Son côté bling-bling, il le justifie par une aversion pour elle, justement. Anelka devrait être séduit par une France dirigée par un homme aussi décomplexé devant l’argent que Nicolas Sarkozy.
Même pas. Il veut gagner ses quatre-vingts smics mensuels et les garder rien que pour lui. Surtout ne rien rendre au pays qui lui a permis d’arriver là où il est. Et lui cracher à la gueule !
Donc, les hypocrites seront francs. Ils suggèrent à Monsieur Anelka de rester bien loin de la France qu’il abhorre. De garder ses jugements sur notre fiscalité et la redistribution qu’elle permet, et de les mettre à la banque avec son pognon.
Les articles d'Antidote sont à retrouver ici