Platini affronte les spéculateurs du foot!
S'exprimant devant les députés européens, Michel Platini, le président de l'UEFA a déclaré que le «football européen menaçait d'imploser». L'ancien meneur de jeu des Bleus veut imposer un système de plafond salarial à l'américaine. Les grands clubs européens s'opposent déjà cette démarche.
Le foot a fini de manger son pain blanc, c’est Michel Platini lui-même, qui le dit. « Le football européen menace d'imploser financièrement si des mesures d'économie ne sont pas rapidement prises » a ajouté le président de l’UEFA dans un discours prononcé devant le parlement de l'Union européenne à Bruxelles.
Si même les footeux commencent à rogner sur leurs marges, c’est effectivement que la situation est grave. L’homme qui valait trois milliards balle au pied ne les vaut plus.
Platini a prévenu que l'instance dirigeante du football européen envisageait d'imposer des limites aux montants des salaires et des transferts. Adieu milliardaires russes qui se payaient des « danseuses » brésiliennes ou françaises à coups de dizaines de millions d’euros. L’adolescent, magicien du ballon rond, qui prenait « les matchs les uns après les autres » n’a plus la cote.
Platini en appelle à Barack Obama
« Nous examinons actuellement la possibilité de limiter, dans une certaine mesure, les dépenses de personnel de chaque club - à la fois salaires et transferts - à un pourcentage, à déterminer, de ses revenus sportifs directs et indirects» a expliqué Platini.
Dans le cadre de son projet, inspiré par le modèle du salary cap américain –qui connaît quand même certaines dérives, c’est à noter…-les dépenses en salaires et en achats de joueurs seraient limitées à un pourcentage des revenus compris entre 46% et 63%. Un projet qui fait frémir des grands clubs habitués à proposer des pactoles à leurs dieux du stade.
Platini s’en est même remis à Obama –décidément, le bonhomme va avoir du boulot…- expliquant qu’«en football, comme dans l'économie en général, le marché est incapable de corriger ses propres excès et ce n'est pas le président de l'UEFA qui le dit, c'est Barack Obama. Les clubs européens nous disent aujourd'hui que notre système est menacé à moyen terme d'une implosion financière».
Vers une plus grande transparence financière ?
Difficile de reprocher à Michel Platini de ne pas avoir tenté de lutter, autant que faire se peut, contre le foot business depuis son élection à la présidence de l’UEFA. Reste à savoir si l’ancien meneur de jeu des Bleus pourra imposer ses conceptions du foot au puissant lobby des grands clubs européens. La crise plaide pour lui. Les nababs russes, américains ou du Golfe sont apparus plus prudents et moins dépensiers ces derniers temps.
Le président de l'UEFA s’est adressé aux députés européens : «Ne nous empêchez pas, à cause de législations non adaptées, d'instaurer un fair-play financier. Ne nous empêchez pas de mettre en place des mécanismes permettant une meilleure régularité de nos compétitions et plus de transparence dans la gestion de nos affaires. Ne nous empêchez pas d'aller dans le sens de la morale. Surtout quand tous les acteurs concernés, clubs, joueurs, associations nationales, sont d'accord avec mes propositions pour une plus grande transparence financière et une meilleure gouvernance».
Une partie difficile à jouer
De leur côté, les grands clubs européens ont déjà exprimé leur hostilité à cette démarche. Ces dernières années, de nombreux milliardaires (américains, russes ou originaires du Golfe persique) ont investi massivement dans des clubs européens, surtout anglais, (Manchester, Chelsea, Liverpool, Manchester City, Portsmouth…) et largement contribué à bouleverser le marché. La Ligue 1 anglaise, qui attire quasiment tous les meilleurs joueurs, s'est prononcée contre un système de régulation financière au niveau européen. Au delà, c’est toute une économie médiatique qui se repaît autant des matchs que des vraies fausses rumeurs diffusées lors des mercatos d’été qu’il faudra affronter.
Vendredi 20 Février 2009 - 06:42
Régis Soubrouillard