il faut rappeler que la mise en minorité provient du fait que Prodi a refusé de faire annuler les poursuites pour corruption touchant la femme d'un ministre dirigeant un mini-partie membre de la coalition..
Monde
Crachats, insultes et mousseux pour enterrer le gouvernement Prodi
Le sénateur Barbato de l'Udeur s'en prend à l'un de ses collègues, Cusumano, jeudi soir au Sénat italien. Reuters.
Le vote de confiance au gouvernement de centre-gauche a viré jeudi soir à une grotesque farce tragico-politique au sénat italien.
Arnaud Vaulerin
LIBERATION.FR : vendredi 25 janvier 2008
Un spectacle, une foire, un cirque.
Le quotidien la Repubblica va jusqu’à évoquer vendredi une
«affaissement général de bonne d’éducation. Voilà le théâtre où s’achève à mi-mandat le gouvernement Prodi», écrit Concita de Gregorio.
Les sénateurs, qui ont refusé la confiance au gouvernement Prodi par 161 voix contre 156, se sont insultés, se sont défiés, se sont crachés dessus, ont bu, mangé, écouté une poésie, etc. avant que le président sonne la fin des festivités à 21 heures: «Ce n’est pas une auberge.»
Au moment du vote, l’un des sénateurs de la majorité- Nuccio Cusumano- est conspué par l’un de ses collègues de parti pour avoir voté pour sa majorité. Puis il est insulté:
«Espèce de merde, mafieux, sale pédé…» Le sénateur s’évanouit. La séance est suspendue.
A la reprise, l’ex-ministre de la Justice par qui la crise est arrivée, Clemente Mastella, entre en scène. Durant quatre minutes, il récite une poésie de l’écrivain chilien Pablo Neruda.
«Lentement, meurt celui qui devient esclave de l’habitude…»Un sénateur de Forza Italia (le parti de Berlusconi) lance en français:
«Après moi le déluge», puis commence à déclamer du latin.
La mort du gouvernement, annoncée depuis deux jours, prend forme.
Prodi est parti, les bancs du gouvernements sont vides quand les résultats du vote sont annoncés. Resté seul au palais Madama (siège du Sénat à Rome), le groupe Alleanza nazionale (AN, droite conservatrice) débouche du mousseux, agite les bouteilles, s’éclabousse, applaudit. L’un des sénateurs s’empiffre de mortadelle devant les photographes. Le message est clair: le centre-droit a eu la peau Prodi, il Professore de Bologne, la ville où l’on fabrique la mortadelle.
La séance s’achève. Les klaxons et les vivats résonnent dans les rues de Rome.
«Il ne reste plus qu’à nettoyer la moquette», note la Repubblica. En attendant la suite d’un spectacle de plus en plus affligeant.