le procès des Niolins

Réveillé en pleine nuit par une procession de noctambules éméchés et ne pouvant me rendormir du fait des effets persistants du décalage horaire, je me suis réfugié dans ma bibliothèque. J'y ai retrouvé un vieil opuscule offert par son auteur, mon cousin François Flori. Il m'est venu l'idée d'en numériser les pages principales. Une sorte d'hommage à l'auteur disparu il y a bien longtemps et une occasion de vous faire découvrir, un pan de notre histoire.

Citation :

L'année 1774 est restée pendant longtemps, dans la mémoire des Niolins (1), l'année du malheur, "L’annu di a disgrazia »

Gênes avait cédé à la France, en 1768, les droits qu'elle prétendait posséder sur la Corse. Cependant, les Corses, qui s'étaient donnés un gouvernement national dirigé par Pascal PAOLI, luttèrent pour conserver leur indépendance, obligeant ainsi la France à conquérir militairement sa nouvelle possession. Même après la défaite de Ponte Novu, les partisans de l'indépendance résistèrent, d'une manière plus ou moins ouverte, pendant plusieurs années. Au début de 1774, Nicodème PASQUALINI, qui avait émigré en Toscane avec les principaux chefs paolistes, débarqua secrètement dans Vile, pour essayer de soulever les populations et rétablir le gouvernement national. Sa tentative, mal préparée, échoua. Et les Niolins, impliqués au premier chef dans cette affaire improprement appelée "révolte du Niolo", connurent les rigueurs d'une impitoyable répression.

Dès que les troupes du Général SIONVILLE,"l'infame SIONVILLE" et du Colonel GAFFORI, eurent pénétré dans le Niolo, elles arrêtèrent un grand nombre d'habitants et les conduisirent au couvent de la Piève transformé en caserne et en prison. Dans le même temps, des maisons étaient brûlées, ou livrées au pillage de la soldatesque, des troupeaux égorgés. Douze des prisonniers étaient immédiatement déférés à la justice du Prévôt général (2). Onze furent condamnés au supplice de la roue et pendus sur-le-champ, le douzième ayant bénéficié d'un sursis qu'il mit à profit pour s'échapper.

1) Habitants de l'ancienne Piève de Niolo, ex-canton de Calacuccia.

2) Un édit du Roi du mois d'août 1772 avait créé à Bastia un siège de maréchaussée composé du Prévôt général, d'un assesseur, d'un procureur du Roi, d'un greffier et d'un secrétaire interprète. La juridiction du Prévôt général s'appliquait aux bandits et fugitifs. Les jugements en matière de grand criminel ne pouvaient être rendus dans le siège de la Maréchaussée que par sept juges au moins, à charge par le Prévôt général d'appeler des juges ou gradués en nombre suffisant et, à leur défaut, des personnes notables.

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Citation :

Une cinquantaine d'autres prirent le chemin de Toulon où la plupart moururent misérablement dans les cachots de la grosse Tour et du Fort Lamalgue (1). Tel fut le lourd tribut payé par le Niolo à la cause de l'indé-pendance.

Ce sont les pièces du procès fait à ces douze prisonniers que nous publions ci-après. Elles figurent dans un dossier fort important pour l'histoire de la "révolte du Niolo", conservé aux archives départementales de la Corse (2), dossier dont tout l'intérêt nous avait été signalé par le conser-vateur, M. LAMOTTE, auquel nous nous plaisons à adresser, ici, les remerciements qui lui sont dus. Ces pièces, nous les avons reproduites sans y rien changer, supprimant seulement les formules rituelles lorsqu'elles se répétaient dans les différents actes de la prodédure. A la suite de ces pièces, nous avons cru bon de publier également deux actes notariés relatifs à l'un des suppliciés, Ignace GERONIMI, car ils contiennent d'os détails intéressants sur les conditions maté-rielles du procès. Nous avons ajouté enfin, pour terminer, un extrait de l'his-toire de la Corse de l'Abbé de GERMANES. Les indications fournies par cet auteur sur le comportement des condamnés notamment, ne devraient toutefois être accep-tées que sous le bénéfice d'un sérieux examen critique.


Une chose frappe dans le procès des malheureux Niolins la rapidité avec laquelle ils furent jugés, condamnés et exécutés. Le 21 juin au soir, dans la nuit du 21 au 22 et jusqu'au matin, la troupe procède aux arres-tations. Les interrogatoires, immédiatement commencés, sont terminés avant midi. L'après-midi du 22 a lieu la confrontation des accusés aux témoins. Le 23 juin au matin nouvel interrogatoire des accusés. A midi, le jugement est rendu ett sera exécuté quelques heures après. Si l'on tient compte du temps nécessaire à la confection matérielle des nombreux actes de la procédure, on se trouve devant un problème analogue à celui posé par le déplacement des statues colossales de file de Pâques. L'hypothèse d'un procès "arrangé" après les exécutions a été avancée par certains. Mais il semble bien que les interrogatoires soient signés par ceux des inculpés qui savent écrire. Alors ? La question reste posée à la sagacité des chercheurs._

La plupart des accusés avaient manifestement participé à la révolte, ou tout au moins porté des armes sans autorisation, crime que les ordonnances punissaient de la peine de mort. Mais bien d'autres devaient se trouver dans ce cas. Comment, alors, les inculpés furent-ils choisis ? Là également il faut se contenter d'hypothèses. Le commandement militaire possédait sûrement des listes de suspects. Sur un "Etat des bandits reconnus pour tels existants dans l'isle de Corse au 29. fibre 1772 ..." (3)

(1) Sur les conditions de vie cruelles de ces malheureux, on lira avec profit les très intéressants documents publiés par E. EMMANUELLI Déportation, colo-nisation, francisation. La Corse dans les archives des Intendants de Provence. (Bull. Soc. Sci. hist. et natur. Corse. Bastia. 4ème tri. 1969, p. 27 et suiv.
(2) Sous la cote B (Prévôté) 14
(3) Archives de la Guerre. A1.3752, pièce n° ~

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Citation :

on peut dire dans la notice consacrée à Carlino q. Gio "Pietro de Corscia "Matteo et Francesco MATTEI frères, fils de Agostino, fauteurs de bandits à arrêter". Il est probable que de tels ren-seignements furent utilisés par les chefs des détachements chargés de la repres-sion. Puis, le choix des victimes se fit sur une liste préparée d'avance, ou d'après les renseignements recueillis hâtivement par le Général SIONVILLE (1)

La précipitation avec laquelle le tribunal prévôtal mena le procès a-t-elle entraîné des erreurs sur la personne en ce qui concerne certains des accusés ? Le fait ne parait pas douteux pour Ignace MAESTRACCI et Jean ALBERTINI Que le tribunal n'ait tenu aucun compte des déclarations de témoins affirmant, lors des confrontations, que ce n'étaient point les personnes qu'ils avaient voulu monner dans leurs dépositions initiales, prouve assez qu'il s'agissait davantage de `napper, pour l'exemple, que de rendre une justice digne de ce nom.
Le 5 Mai 1772 la Pieve de Niolo avait fait présenter à l'Assemblée Générale des Etats de Corse une demande "tendante à ce que personne ne puisse être molesté, ni puni, si ce n'est en conséquence d'un procès judiciairement et régu-lièrement fait" et les commissaires du Roi avaient répondu "Que cela est juste et réglé par les Lois (2). En fait de justice, les pauvres Niolins allaient être servis et de quelle manière


1) Dans une supplique adressée par les Niolins à l'Assemblée Nationale, en 1790, os: obtenir la réhabilitation des victimes, il est fait mentiun d'une "liste fatale", " .., li sessantadue arrestati ... erano in seguito chiamati giusta 'ondine della loro inscrizione su d'una lista fatale :.." (Esposto funesto, e egrimevole dei poveri abitanti di Niolo inviato ail' Assemblea Nazionale. Bastia, 790, Pet. in- fol, 8 p).

t) Procès-verbal de l'Assemblée Générale des Etats de Corse tenue à Bastia le trois mai 1772 et jours suivants publié par M.A. DE MORATI. Bastia, Société des :iences historiques et naturelles de la Corse, 1896, In-8°.P.47.

les documents qui figurent dans cette ouvrage sont pour l'essentiel des procès-verbaux d'interrogatoire. Je ne vais pas tous les numériser..juste un pour mesurer la "rigueur" de ces procédures.

Citation :

MARECHAUSSEE 1774

Procédure instruite et jugée au Couvent du Niolo, contre les nommés Jean-François MATTEI, Ange ROMANI, Jean-Etienne ALBERTINI, Antoine ALBERTINI, Marc Marie ALBERTINI, Ignace MAESTRACCI, César ACQUAVIVA, Raimond ACQUAVIVA, Ignace GERONIMI, Joseph-Marie LUCCIANI, Jean ALBERTINI et Mathieu MATTEI, accusés de sédi-tion, rebellion et d'avoir pris les armes.
Par jugement du vingt trois juin 1774, les onze premiers ont été condamnés à faire amande (sic) honorable et à être rompus vifs, ce qui a été exécuté le même jour, et il a été ordonné un plus ample informé de trois mois contre le nommé Mathieu MATTEI.
Ce plus amplement informé n'a eu aucune suitte par ordre de M, le Comte de MARBOEUF (sic).

les "sic" qui marquent les fautes sont de l'auteur...je les ai laissés
Si ça vous intéresse, je numériserai le jugement qui fait plusieurs pages.

C'est très intéressant. Merci pour ce cours.


Je remarque que dans les nommés, il y a 2 ACQUAVIVA ... hum hum hum.

Je remarque aussi qu'il y a 2 MATTEI (nom de jeune fille de ma grand mère)



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les onze premiers ont été condamnés à faire amande (sic) honorable et à être rompus vifs
Est-ce à dire qu'ils ont été pendus?..
Merci pour ce document!

oui, ils ont été pendus au couvent de Calacuccia.

Je l'ai aussi......

Il y a quelqu'un qui peut m'expliquer comment on mets des images à partir d'image shack ?

tu vas sur le site imageshack, tu sélectionnes la photo que tu veux afficher en allant la chercher sur ton disque dur avec "browse", puis tu cliques sur "host it!". Ensuite tu copies le lien "direct link to image" (le dernier) et tu le colles ici entre ""

voila

[img][/img]

Plefu a écrit:

tu vas sur le site imageshack, tu sélectionnes la photo que tu veux afficher en allant la chercher sur ton disque dur avec "browse", puis tu cliques sur "host it!". Ensuite tu copies le lien "direct link to image" (le dernier) et tu le colles ici entre ""

voila

Tanti ringraziamenti

L'idéal est de redimensionner la photo ou l'image en 800x600 afin d'éviter tout décalage.




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Vistu che lu si parla di stu Francescu FLORI :

Eramu cugini ma sopra tuttu era un brav'omu. Incu una cultura di quelle! Aghju dino un librettu ch'ellu a scrittu e chi si chjama "Marzu di Niolu" a storia di un banditu rinumatu.

[quote="Antone"]Eramu cugini ma sopra tuttu era un brav'omu. quote]He mortu giovanu allora,u tintu?

U mo babbu chi u cuniscia m'ha dettu che l'era un omu di cultura maio.
Vi possu dì, chi un libru sta pé esse fattu annantu lu so travgliu.

Eccu cio ch'aghju trovu annantu Francescu Flori,

Il devait avoir 80 ans quand il est décédé. Un homme étonnant vraiment. Ce que dit l'article est entièrement exact. Il avait la bibilothèque privée la plus importante sur la Corse et je crois qu'il a fait don de la plupart des livres à la Corse. Et pour que le tableau soit complet, il fat savoir qu'il a été chef de cabinet d'un ministre des Finances ous la 4ème, pour vous dire qu'en prime, dans la vie professionnelle, c'était une pointure. Et pourtant d'une grande modestie et très accessible, youjours prêt à faire partager son savoir qui était grand!

U libru di Fiori,l'aghju lettu,un amicu u tene in un locu sicuru in Niolu