Loin, loin, il y a loin...

Bon c'est mon premier sujet alors j'ai un peu la pression...
Je voudrais ici parler du phénomêne d'éloignement et de la mystique qui finit par naître de la perte de connaissance d'un objet en perpétuelle évolution. Bon vu la tortuosité de ma prose (pas bon pour un début ça...), j'illustre...
Je suis né et j'ai vécu en Corse pendant 17 ans et demi, mais comme ce que je voulais faire n'existait pas sur place j'ai dû partir. Je précise d'emblé que je n'ai pas pris ce départ comme une déchirure nette, une blessure franche ou autre. J'étais à 1h d'avion et j'entendais parler corse tous les matins en allant au lycée. Pendant tout ce temps je n'ai jamais mi en doute ma connaissance et ma compréhension de la Corse, tout ce qui s'y déroulait trouvait en moi une explication qui me poussait soit à accepter soit à faire entendre ma voix.
Le temps passant je ne passe plus que 2/5 de mon temps en Corse...
J'ai en outre rencontré des gens qui se disaient corses qui venait me voir pour parler de ce qui s'y passait, mais trés vite j'ai vu que la majorité n'étaient que des personnes qui ne connaissaient la vie en Corse qu'en vacances. Pour eux il s'agissait d'un pays de cocagne où la vie est facile où tout est simple, bref une sorte d'eden... Cela n' a pas été sans un certain agacement de ma part. J'ai dû leur expliquer qu'ils ne pouvaient pas parler de ce dont ils ignoraient vraiment tout, se gaver chez sa grand-mêre l'été et faire du jet à palombaggia, ce n'est pas vivre en Corse. J'ai donc fermé la porte à toute discussion de leur part...

Surviennent alors les évènements récents que nous connaissons bien, le match de samedi... Et j'avoue avoir du mal à comprendre toutes les forces qui jouent derrière tout ça. J'ai beaucoup lu malgré mon manque de temps pour essayer de comprendre mais je crois que des éléments me manquent pour donner un avis propre.
Aussi me demandais-je si je n'avais pas moi aussi perdu le contact réel avec la Corse, m'enfermant dans des certitudes de jeune adultes?
Que vous ayez connu ou non l'éloignement, pourriez-vou éclairer ma lanterne à ce propos?

alors là! Tu mets le doigt sur un truc....je vais lire et relire ton post (essentiel) et bien réfléchir à la réponse.

aschese di cardu a écrit:

J'ai en outre rencontré des gens qui se disaient corses qui venait me voir pour parler de ce qui s'y passait, mais trés vite j'ai vu que la majorité n'étaient que des personnes qui ne connaissaient la vie en Corse qu'en vacances. Pour eux il s'agissait d'un pays de cocagne où la vie est facile où tout est simple, bref une sorte d'eden... Cela n' a pas été sans un certain agacement de ma part. J'ai dû leur expliquer qu'ils ne pouvaient pas parler de ce dont ils ignoraient vraiment tout, se gaver chez sa grand-mêre l'été et faire du jet à palombaggia, ce n'est pas vivre en Corse. J'ai donc fermé la porte à toute discussion de leur part...

... ce qui est peut-être dommage, car c'est avec des gens comme toi que j'ai pu au cours de ma jeunesse et aujourd'hui encore parler de choses que je ne peux aborder avec d'autres, faisant partie moi-même de ceux qui ne vont en Corse que pour les vacances.

Après il y a deux sortes de contacts, je pense. Celui avec tes proches et celui avec la Corse en général. Celui avec tes proches, c'est ton choix de le garder ou non. Par exemple avec tes amis, ta famille et bien sur ton village (se tenir au courant des ragots ).

Le contact avec la Corse c'est déjà beaucoup plus difficile à garder, et déjà même en Corse certains ne semblent pas l'avoir...

Citation :

Surviennent alors les évènements récents que nous connaissons bien, le match de samedi... Et j'avoue avoir du mal à comprendre toutes les forces qui jouent derrière tout ça. J'ai beaucoup lu malgré mon manque de temps pour essayer de comprendre mais je crois que des éléments me manquent pour donner un avis propre.
Aussi me demandais-je si je n'avais pas moi aussi perdu le contact réel avec la Corse, m'enfermant dans des certitudes de jeune adultes?
Que vous ayez connu ou non l'éloignement, pourriez-vou éclairer ma lanterne à ce propos?

Nous sommes passés par ce fameux lycée au même âge tous les deux. Si tu es comme moi, ça a été une étape importante de ta construction d'adulte. Pour ma part j'y ai rencontré des gens extraordinaires et des vrais amis. Les repères associés à cette étape sont pour moi indélébiles, et j'en garde du point de vue "philosophique" le socle de ma conception des choses aujourd'hui.

Si ça c'est passé pareil pour toi, il est normal que tu sentes, je pense, un peu de recul. N'oublie pas qu'on se construit à la fois comme appartenant à un groupe, mais aussi en rejetant un groupe. Selon les personalités, c'est plus ou moins fort. C'est pour ça que tant de jeunes corses du continent portent le ribellu autour du cou, et que passé un certain âge ils l'enlèvent. Ils se démarquent des autres autour d'eux dans la ville du continent, en se rattachant à une symbolique du clandestin, qui à l'adolescence est synonyme de liberté et d'idéal, à un groupe qui n'est pas vraiment concret, donc accessible facilement.

Tout dépend de toi en fait, il ne tient qu'à toi de rester en phase avec la vie là-bas, par tout un tas de moyens, internet étant le plus moderne d'entre eux et peut-être pas le plus inefficace. Le contact réel dont tu parles c'est fouler la terre et discuter avec les autres. Tout ce que tu peux y perdre c'est un manque d'informations. A toi de quantifier cette perte : si tu ne comprends pas les évènements de samedi, demande-toi combien de gens de ton âge qui sont en corse le comprennent...

Quand je dis que j'ai fermé la discussion, disons que j'ai essaié de leur faire comprendre qu'ils se berçaient d'illusion à propos de la vie en Corse. Même si des fois j'en ai envoyé chier quelques uns par simple agacement...

Mon passage dans "ce fameux lycée" a plutôt renforcé mes liens avec la Corse alors que pourtant je fuyais systématiquement les autres jeunes corses qui pratiquaient "l'ethnocentrisme" et en fréquentaient UNIQUEMENT le milieu corse. Sur ce point je crois avoir fait le bon choix, j'ai pu m'ouvrir à toutes sortes de personnes et ai trouvé de vrais amies. Donc je ne me suis pas pour autant réalisé en opposition à mes origines, je me suis enrichi personellement philosophiquement et littérairement même en dehors du milieu scolaire tout en sachant exactement d'où je venais.
Pè la vita in paese, ghje sempre la stessa cosa, l'unica differenza è lu mio cugnome...
Donc devant le nombre de gens qui ne comprennent pas les évènements de samedi je ne devrais pas m'inquiéter de mon incompréhension alors. Tant que la Corse ne deviendra pas dans mon esprit le pays de cocagne ou la mini-tchétchénies des gens qui ne la connaissent pas, je crois avoir encore le droit de donner mon avis à son sujet...

Ah la diaspora commence à comprendre qu'elle n'y comprend rien

ghjattuvolpa a écrit:

Ah la diaspora commence à comprendre qu'elle n'y comprend rien

"Ce que je sais, c'est que je ne sais rien"

Chjucu a écrit:

ghjattuvolpa a écrit:

Ah la diaspora commence à comprendre qu'elle n'y comprend rien

"Ce que je sais, c'est que je ne sais rien"

Socrate ou jean Gabin c'est au choix

Mais bon pour être sérieux si finalement je n'y comprend vraiment plus rien, j'aimerais qu'on ne se ferme pas comme j'ai pu le faire, sûr de la validité de mon savoir et de l'incurie de ceux qui se prétendaient "keurses"

Un t'inchietà, c'est une vieille pique pour Antone

Serais tu une dame


O zite il y aurait une dame sur ce forum, inoui!!!!!!!!!!!!!!!!!

aschese di cardu a écrit:

Mais bon pour être sérieux si finalement je n'y comprend vraiment plus rien, j'aimerais qu'on ne se ferme pas comme j'ai pu le faire, sûr de la validité de mon savoir et de l'incurie de ceux qui se prétendaient "keurses"

Cette chose là est vraie pour tous les compartiments de la vie

D'un autre côté, je pense qu'un oeil extérieur est toujours intéressant. Car lorsqu'on vit les choses de l'intérieur on ne voit pas tout.

Par exemple, les gens autour savent à quoi tu ressemble de dos, mais toi non

remarque avec un jeu de miroir...

oui mais l'image inversé du miroir n'est qu'une transposition de la réalité, ça n'est et ne sera jamais la réalité... C'est d'ailleurs pour ça que le miroir fascine c'est celui qui offre l'alternative la plus proche à notre réalité... mais pas forcément la plus simple à comprendre...

On sait toujours pas si tu es une dame????

Rassure toi je suis marié et bientôt (enfin presque bientôt) papa

Nous laisserons de coté les provocations de ce vieux dragueur qu'est Ghjattu pour en revenir à la question de départ.
Ton message est émouvant Minellu car il interroge ceux qui comme moi n'ont jamais connu la Corse. Je n'y suis pas né, je n'y ai jamais vécu. Et pourtant, je ressens ce même sentiment d'incompréhension.
En fait, faire partie de la diaspora c'est une forme d'exil originel. Il n'interdit pas de connaître le pays d'où l'on vient dès lors que, c'est mon cas, les parents parlaient corse à la maison, on ne fréquentait que des corses et qu'on mettait dix mois de l'année entre parenthèses pour penser au retour.
J'ai lu sur la Corse, j'ai écouté, j'ingurgite tout ce que je peux, je l'ai parcouru à pieds et mille fois en rêve.
Je suis non pas déçu mais désemparé.
Le problème provient selon moi du fait qu'il y a eu trop de non-dit. Comme nous vivons sous l'oeil des autres (au sein de la famille, la famille au sein du village, le village au sein du canton..etc en cercles concentriques), toute analyse critique est perçue comme une atteinte à l'entité. Dans une société où l'aspect communautaire est historiquement important et a été même vital, ce l'est pas illogique.
Le problème, c'est qu'on m'a toujours présenté la Corse comme un pur paradis avec des gens forcément exceptionnels et des valeurs transcendantales.
A l'expérience, je me suis aperçu que ce n'était pas la vérité. Il y a chez nous comme ailleurs des choses qui posent problème. Pas plus, pas moins. Peut être plus quand même car nous avons le sens de la démesure, notre générosité peut être exceptionnelle et ceretains de nos défauts tout autant. Mon malaise provient du fait que ces choses là, je les ressens et que si je les exprime, on me regarde comme un renégat, quelqu'un qui est nuisible aux siens.
En fait, il nous est parfois difficile d'aimer la Corse lucidement. J'ai fait le choix d'essayer. Sur le continent, certains s'échinent à ressembler à notre caricature pour être fidèle à je ne sais quoi. Avec l'âge, j'arrive à assumer ma double culture. Elles ne se compensent pas, elles s'additionnent. Et ça n'ôte rien à ce que moi misérable diasporiste je ressens pour le pays d'où je viens.

ghjattuvolpa a écrit:

Ah la diaspora commence à comprendre qu'elle n'y comprend rien

bienvenu à vous deux, Minellu et Chjucu

Toi même

Un capiscu nunda

ça c'est pour Ghjattu

et bienvenu c'est pour vous deux

Ti ringraziu

Bon , on arrête avec les bras d'honneur maintenant sinon je vais sortir les cartons

ghjattuvolpa a écrit:

Bon , on arrête avec les bras d'honneur maintenant sinon je vais sortir les cartons

Ah je pensais que c'était juste une crosse de hockey

ah hockey!

Antone a écrit:

ah hockey!

Nous formons une belle Korral de winners

Tu sors !!!