Antonetti : « A Bastia, tout le monde a sa part de responsabilité »« Est-ce que finalement je ne dois pas aller donner un coup de main à mon club de coeur ? »
L'entraîneur du Stade Rennais Frédéric Antonetti, qui a passé 19 ans de sa carrière à Bastia, se dit très « triste » de la situation que traverse le Sporting, estimant que «
tout le monde a sa part de responsabilité » dans ce qui arrive au club, 20
e de L2.
Quel regard portez-vous sur la situation du Sporting ?
Je suis vraiment triste. Vous ne savez pas à quel point je suis triste. Il m'est arrivé de m'interroger: «
Est-ce que finalement je ne dois pas aller donner un coup de main à mon club de coeur ? ». Plus d'une fois je me suis interrogé ! Mais bon, j'ai ma carrière à faire aussi. Parfois j'ai même des nuits blanches, parce que vraiment ça me tient à coeur peut-être même plus que ceux qui sont là-bas. Je suis resté 19 ans dans ce club quand même...
Comment expliquez-vous ce qui arrive ?
C'est une suite logique. Tout le monde a sa part de responsabilité, c'est l'aboutissement de ce qui a été fait depuis quelques années. Vous savez, il y a beaucoup de pauvreté en Corse, contrairement à ce qu'on dit. Comme on est très pudique en Corse, on ne le dit pas. Automatiquement, le club de Bastia s'en ressent. Quand il y a peu de moyens, il n'y a qu'une chose qui peut sauver un club : c'est la solidarité. Quand la solidarité y est un peu moins, que des gens tirent la couverture à eux...
La solidarité ne fait plus partie des vertus du club ?
Je me rappelle des années où j'y étais, il y avait vraiment une grande solidarité, et on compensait notre manque de moyens par beaucoup de travail. Je pense que ça n'a pas été fait par la suite. Je ne jette pas la pierre
Comment faire pour remonter la pente ?
Ce sont les hommes, la solidarité et le travail qui font la différence. Il faut recruter malin, bosser plus que les autres, anticiper, être les premiers sur certaines affaires.
J'espère aujourd'hui qu'il y a une prise de conscience et qu'il y aura des hommes capables de relever le défi. Bastia a une vraie histoire. Les élus ont là-bas beaucoup d'importance car peut-être ils doivent compenser le problème économique. Moi je pense que c'est une belle vitrine pour la Corse que Bastia retrouve des couleurs et la première division. Il surtout trouver des hommes capables de le relever.
Je ne connais pas Farouk Hadzibegic (nouvel entraîneur), mais je l'espère capable de le faire.
Comment voyez-vous l'avenir du Sporting ?
Déjà sur le plan financier, là il n'y a aucun souci. Mon frère (Pierre-Paul, président du directoire, qui a démissionné fin octobre) a fait du bon boulot, il a fait en sorte que le club soit pérenne. Même si le club descendait en National, il peut continuer car il est sain. Malheureusement, sur le plan sportif ça n'a pas suivi.
Quand vous êtes draconien sur le plan financier, c'est vrai que sur le plan sportif c'est un peu plus délicat. Lui a voulu régler le problème financier. Le club n'a jamais été aussi bas qu'après la catastrophe (de Furiani en 1992).
Aujourd'hui, il est bas encore mais les clubs qui ont une histoire ressortent toujours tôt ou tard. Ca peut-être un mal pour un bien.