Antone Administrateur
Nombre de messages : 21049 Age : 66 Date d'inscription : 02/09/2004
| Sujet: Bastia et moi.. Lun 5 Oct - 14:12 | |
| A la manière des veillées où l’on se souvient des bons moments passés avec le disparu, j’aimerais vous parler de Bastia. Il n’est que moribond mais je crains que lorsqu’il sera tout à fait mort, il n’y ait plus personne pour me lire et que l’envie me soit passée d’écrire sur le sujet.
Mon histoire avec le SECB, et oui ça date jeunes gens, commence vraiment avec la finale perdue face à Marseille.. 1972. J’avais quinze ans et la famille s’était réunie devant la seule télévision disponible, noir et blanc, pour vivre une victoire corse. Le quartier du Pont du Las à Toulon était diablement silencieux et l’est resté après la rencontre puisque Couecou et Magnusson avait sonné le glas des espoirs de toute la communauté.
J’aurais bien aimé que Bastia l’emporte d’abord parce que c’était un club corse mais aussi et peut être même surtout, parce qu’il n’était pas favori. Une grosse affection pour les sans grade qui en remontrent aux grosses écuries à l'image de la petite île qui un jour était censée étonner le monde.
Le premier souvenir c’est ça. Avant, pas grand chose. Des parties de baby-foot sur la piazza di l’olmu à L’Acquale où on refaisait les championnats, ACA d’un coté, SECB de l’autre. Tout le monde se battait pour avoir Sansonnetti mais à défaut d’image, il était difficile de se passionner. C’était plus une mode qu’un engouement raisonné.
Et puis, j’ai un peu vieilli et mon ami d’enfance, Tiennot, a vieilli aussi. Deux ans de plus que moi, ce qui veut dire qu’il a eu le baccalauréat, la voiture et un concours de la fonction publique alors que j’étais encore au lycée. Et ce triple événement a tout changé. Sa Datsun 100 nous permettait de voir plus loin que le bout de la vallée dont nous ne sortions qu’à la force du mollet sur nos vélos de course double plateau certes suffisants pour monter à Palmarella mais pas davantage.
Cette fameuse Datsun a ouvert les portes vers un autre univers plus lointain et autrement plus chatoyant puisque nous pouvions descendre à Furiani. Il fallait avoir envie. 1974..1975.. Départ du Filosorma à 15 heures, arrivée à Furiani à 17h30 en roulant bien et retour dans les mêmes délais après la fin de la rencontre. Nous avons essayé tous les parcours y compris le San Colombanu avant de rester sur les Agriates dont la route à l’époque tournait bien entendu autant que maintenant mais était un tiers moins large. Comment avons nous évité certains bovins en divagation. Je ne sais. Et puis cerise sur le gâteau pour ceux qui connaissent. Pour partir du village et y revenir, c’était la route de la côte qui relie Galeria à Calvi. Bref, il fallait avoir une sacrée envie. Mais nous n’en étions pas dépourvu.
Cette fameuse Datsun (bis) avait aussi un poste grandes ondes ce qui nous permettait de suivre Bastia à l’extérieur en grillant des cigarettes sous les châtaigniers qui entouraient alors la fontaine. Ils ont été coupés depuis. Monstrueuse ânerie qui est prescrite mais que je ne pardonne toujours pas.
Nous avons vu les plus belles équipes de l’époque et les meilleurs joueurs.. Djazic, Pantelic, Papi et tous les autres. Platini en face. On ne se rendait pas compte car à cet âge, l’histoire (avec un petit h ) s’écrit sous vos yeux sans qu’on s’en rende vraiment compte. Des victoires et des défaites. Tiens, qui se souvient d’Agerbeck le blond danois de Nantes ? Inconnu au bataillon, le lascar était venu crucifier les corses à deux reprises lors d’une première journée de championnat. Puis arrivait l’automne et je rentrais sur le continent.
Tiennot a fini par s’offrir d’occasion une Rallye 2 qui avait fait le tour de Corse. Nous avons continué à descendre à Furiani mais bien plus vite. Deux heures et même une fois, une heure 55. J’avais invité un copain de faculté..première année..c’était en 1975… à venir voir Bastia Saint Etienne. Il était supporter des verts. La vision d’un type sortant un calibre et vidant son chargeur de joie, l’avait brusquement rendu très calme et lui qui s’était juré de soutenir son équipe fétiche, au beau milieu d’une tribune bastiaise, avait avalé son drapeau au rythme soutenu des détonations du 7.65.
1978.. 21 ans.. la coupe d’Europe.. un voyage dantesque dans une mer démontée, trois heures de retard pour parvenir à entrer dans le port de Bastia détruit par les vagues.. et les plus malades évacués sur des brancards. Le lendemain, petit match avec les agents de l’équipement où j’ai couru après Camadini, le père de l’autre, le Petit Prince. Après c’était Zurich. Dans les tribunes à 15 heures pour être certains de pouvoir regarder le match. Cinq heures avant le coup d’envoi. Et ces malheureux supporters isérois venus soutenir Bastia qui se prennent sans comprendre une salve de fusées. Leur drapeau ressemblait à s’y méprendre au drapeau suisse. Mourousi commençant le journal de 13 heures par " sete i piu forti ". ‘tain, on était fier. J’ai vu les meilleurs, Rep, Orlanducci " setalu ô Charlot ! " j’ai vu les pires. J’ai vu débuter Vucekovic que tout le monde a oublié à juste titre et toutes ces recrues dont la seule qualité, je pense, était que quelqu’un avait touché une prime sur le transfert.
1981..l’armée.. et je fais le mur pour voir la finale.. Traversée de Toulon après la victoire avec mon cousin debout sur le capot de sa Fiat X1.9 au risque de crever sa carrosserie Bertone en plastique. Milla et Marcialis.. et les autres. On racontait que la Coupe levée par Marchioni avait ensuite fait le tour de l’île et avait été remplis de billets par les fidèles. Des billets ? Ah bon. Après et jusqu’à la finale de la coupe de la Ligue..volée car Drobjnak avait marqué..plus grand chose et puis encore après plus rien et de moins en moins comme si descendre plus bas était possible. SECB puis SCB.. S’il n’y avait pas eu le forum officiel, les Macagnaman, MNT, Dragone et autres Marco e tanti Guagnese.. le ballon bastiais ne m’aurait plus guère intéressé. Mais la passion avait repris. On rigolait bien et ma foi, Bastia ne marchait pas si mal.
1992.. je suis devant la télé et j'ai de la peine. Le lendemain, je suis à l'hôpital Nord à Marseille. Mon cousin s'en est sorti. Lui a de la chance.
2002…on ne parlera pas de la finale au stade de France. Soirée symbolique des occasions gâchées. Et fin de l’histoire car on s’est moqué des lorientais vainqueurs qui descendaient en L2. Leur nom est au palmarès et ils sont remontés en ligue 1.. pendant que Bastia file vers le National dans une indifférence totale ou presque. Pourquoi s’en faire. Dans l’absolu, c’est vrai, il n’y a pas de raison objective de se mettre martel en tête. Du ballon, point barre alors qu’il y a bien d’autres sujets autrement plus inquiétants.
Oui, mais à travers le SCB c’est tout ma jeunesse qui se casse et avec elle la part de passion inutile et indispensable qui donne du sel à la vie. | |
|
vince Nebosja Krupnikovic
Nombre de messages : 4881 Age : 58 Date d'inscription : 06/02/2006
| Sujet: Re: Bastia et moi.. Lun 5 Oct - 16:57 | |
| Ce temps là est révolu, la réforme du football a eu lieu. Il y en a que le football actuel fait encore rêver, pas moi en tout cas. Le plus grave c'est d'empêcher les petits clubs de vivre parce que simplement il y a un pactole à ramasser pour certaines entreprises de spectacle footballistique, tu retrouves des phénomènes équivalent dans la musique et le cinéma ...
Je le dis depuis longtemps le foot devient comme le catch, un spectacle prévisible avec quelques variantes pour assurer le suspens et attirer le pigeon | |
|
absolut bastia Raaaaaaaaaaleur
Nombre de messages : 7718 Age : 58 Localisation : dans mon bunker en 1ère ligne Date d'inscription : 18/11/2004
| Sujet: Re: Bastia et moi.. Lun 5 Oct - 19:11 | |
| | |
|
Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Bastia et moi.. | |
| |
|