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Reynald Pedros Nombre de messages : 1673 Date d'inscription : 12/01/2007

http://www.lacorsedanslarepublique.org/

Citation :: Joseph Martinetti souhaite aborder cette originalité qu’est la démographie corse sous l’angle géo-politique. Quoique géographe, il entame par une analyse historique. L’originalité démographique de l’île s’explique par son appartenance française dans le sens où, avec l’intégration à la monarchie puis la République, la Corse entre en distorsion, en rupture, avec le monde italien dans lequel elle évoluait et dont la démographie était très comparable. La Corse avec 275.000 habitants est vide : elle compte 30 habitants / km² là où la Sicile en compte 200 et la Sardaigne 70, la Sardaigne qui a longtemps été sous-peuplée, la Crête 75 elle aussi longtemps sous-peuplée. Un vide mais aussi un dépeuplement puisque la population de la Corse atteignait 300.000 habitants à la fin du XIXème siècle un chiffre non encore atteint aujourd’hui.

Ce constat, et c’est un point important, a longtemps nourri des discours victimaires sur thème de la dévitalisation. Joseph Martinetti veut apporter une note discordante car selon lui les Corses n’ont pas été victimes mais ont affiché une volonté démographique. La comparaison avec la Sardaigne est éclairante. Fin XVIIIème Corse et Sardaigne ont des populations similaires (150.000 vs 250.000 habitants). Le décrochage se fait avec l’intégration de la Corse à la France. Déjà fin XIXème, on compte 600.000 et 300.000 habitants. Aujourd’hui le décrochage est complet. La Sardaigne compte 1,65 millions d’habitants, une population d’ailleurs en décroissance. Pourtant ces 2 îles ont de nombreux points communs. Elles ont été toutes deux marginales avec une population urbaine faible. Elles ont en commun des phases d’insécurité fortement marquées qui en font des périphéries de la Chrétienté avec notamment les rapts vers le Maghreb et les pirateries barbaresques. Fernand Braudel en fait une île montagne. Comment l’expliquer ?

Donc devant cette migration corse canalisée dans l’appareil d’Etat on peut parler de migration protégée. Ambivalente, avec le sentiment de paradis perdu que l’on entend perpétuer mais en même temps, le départ est synonyme de réussite et pas uniquement « u lamentu di u castagnu », ambivalence dans le terme même de diaspora. Ambivalence présente également dans les représentations de l’italien victime d’un mépris qui a perduré jusqu’à une période récente, tout comme dans d’autres régions françaises, mais qui pose en Corse problème dans la mesure où cela s’apparente à un refus de soi.

Je précise qu'aujourd'hui la Sardaigne c'est 1 650 000 Habitants.