Casoni versus Romano...l'interview avant le non-match

TECHNICIENS, Ce mardi, à Furiani, c'est soir de gala : le leader, Selon, se rend à Bastia, son dauphin, dans un match en retard qui pourrait permettre au vainqueur éventuel de s'échapper un peu plus vers la Ligue 1. L'occasion d'un face à face entre deux novices, le Bastiais Bernard Casoni et Serge Romano, le Sedanais, qui sont aussi deux fortes personnalités.

la suite ci-dessous...parcours personnel, personnalité, tactique et leur avis sur l'adversaire..

PARCOURS
Casoni, le patient.
Joueur, c'était un geô-lier redouté, dur, intransigeant et zélé, à la car-rière étincelante (30 sélections, finaliste de la Coupe d'Europe des champions en 1991), entiè-rement tourné vers un dessein : empêcher les buteurs de faire leur métier. Entraîneur, Ber-nard Casoni ne cherche que l'inverse, laisser s'épanouir ses attaquants, dans ce mouvement de balancier étrange qui transforme les cerbères d'antan en romantiques apôtres d'un football chatoyant. Il est conscient de ce décalage. J'avais une certaine image en tant que joueur. Mais être entraîneur, c'est être à l'écoute, écou-ter les joueurs et leur laisser une liberté de créa-tion dans un cadre. Il l'a compris très tôt, lorsqu'il était encore sur le pré et qu'il servait de transmetteur. Joueur intelligent, il analysait déjà la situation, écoutait attentivement les consignes et nourrissait inconsciemment ses certitudes de technicien en devenir. Moi, j'étais déjà un joueur-entraîneur. Je m'impliquais sur le plan tactique. Alors, aujourd'hui, j'ai des images qui me reviennent. Des petits trucs de mes anciens coaches qui m'ont servi pour me construire. A l'époque, je parlais souvent à Jacquet, Platini, Goethals. » Il ne cite pas Gourbis, avec qui il est en froid depuis son passage à Mar-seille, de novembre 1999 à juin 2000. Cet intérim a lancé sa carrière de technicien sur des bases infernales, dans la poudrière du club le plus diffi-cile à entraîner de France. Il assure ne rien regretter » , mis à part peut-être de ne pas avoir répondu aux attaques après avoir quitté l'OM », Je savais que ça allait être difficile quand j'ai pris Marseille, que je rentrais dans la cage aux lions. Mais j'avais déjà refusé une fois, je ne me voyais pas dire non de nouveau. Quand l'OM se présente, c'est difficile de ne pas y aller. Ça fai-sait dix ans que j'étais là. Alors je n'ai pas cal-culé. » Pareil pour son départ de Cannes au bout d'un mois ( Je ne pouvais rester en sachant qu'on allait au clash »), qui lui a coûté deux ans de chômage, ou pour ses voyages en Tunisie à l'Étoile du Sahel ou à la tête de l'équipe nationale d'Arménie. C'était très enrichissant, même si j'ai attendu un peu avant de retrouver du travail à Bastia, mais je ne le regrette pas.)

Romano, l'homme de l'Est.
Plus messin que lui, on ne fait pas ! Né dans la capitale mosel-lane, Serge Romano a passé vingt et un ans à Saint-Symphorien. Toute une vie de joueur, ou presque, pour ce jeune quadra qui ne se desti-nait pas vraiment, à l'origine, au métier de joueur pro. Metz, j'y suis passé par toutes les catégories depuis mes sept ans. J'y ai gagné une Coupe de France et joué la Coupe d'Europe.)) Auparavant, après avoir obtenu son bac D, Romano s'oriente vers le métier de pilote de chasse. Je jouais pour le plaisir, mais je vivais pour autre chose. J'ai loupé Salon-de-Provence, ensuite j'ai eu l'examen de l'Aéronavale, mais les hélicos m'intéressaient moins. » Finalement, le jeune joueur opère un revirement stratégique vers le football, qu'il pratique alors uniquement pour le plaisir.
Après son service national, il bascule définitivement dans le foot, « Je n'ai quasiment connu que la Ll, à Metz, Tou-louse puis Martigues. La L2, il n'y a qu'à Troyes que j'y ai goûtée, et en Angleterre. » En fin de carrière, à trente-deux ans, Romano est en effet l'un des premiers Français à profiter de l'arrêt Bosman, et il signe à Wolverhampton. « On a raté la montée en Premier League à l'issue d'un barrage contre Crystal Palace. » Outre-Manche, il s'est familiarisé avec un environnement diffé-rent et a découvert une « mentalité de jeu » dont il s'est inspiré, depuis, à Selon. « Là-bas, on fait la part des choses entre ce qui se passe avant et le terrain. » A trente-quatre ans, après une ultime saison à Troyes, celui qui a passé ses diplômes au fur et à mesure passe de l'autre côté de la barrière : « J'avais envie de transmettre les choses. J'ai commencé avec la CFA troyenne, au côté de Carlos Lopez. Ensuite, Alain Perrin m'a mis le pied à l'étrier, et je l'ai progressivement rejoint comme adjoint, j'ai travaillé sur le recru-tement. J'aurais pu jouer, encore, mais j'ai pré-féré rester auprès d'Alain pour apprendre, » Au total, il passe cinq ans au club, enchaîne sur une courte période sabbatique avant de rejoindre Selon à l'été 2003 comme adjoint de Bathenay. Six mois plus tard, il hérite du groupe pro avec lequel il décroche une 5e place, puis une 6e en Championnat, agrémentées d'une finale de Coupe de France (2005).

PERSONNALITE

Casoni l'intransigeant.
Il n'a pas changé. Le stoppeur Casoni semblait pouvoir offrir son corps, son âme et même tout le reste pour sa mission, avec le souci de ne pas tricher, à part peut-être un petit tirage de maillot ou une petite faute utile de temps à autre... Mais, dans l'esprit, pas de faux-semblant. Juste et droit, jusqu'au bout. L'entraîneur est semblable aujourd'hui, « C• 'est l'éducation que j'ai reçue. Je peux regar-der tout le monde dans les yeux » Il dit refuser la compromission et semble se méfier de ce milieu qu'il ne connaît que trop bien. « Je n’ai jamais " mangé " (NDLR ; profité de passe-droit), ce n'est pas maintenant que ça va com-mencer. Je n'ai même pas de manager. C'est peut-être pour cela que je n'as pas travaillé tout le temps, que j'ai eu du mal à retrouver un bou-lot. Mais ce n'est pas grave. Je ne suis redevable à personne, » Réservé avec l'extérieur mais disert avec ses joueurs, méfiant face aux médias et pourtant très professionnel, Casoni ne donne pas de claque dans le dos, ne sourit pas juste pour la photo. Il « respecte tout le monde » mais ne compose pas pour plaire. Comme quand les attaquants adverses s'approchaient du but mar-seillais...
Romano le discret.
Il y a ceux qui s'agitent beaucoup, ceux qui parlent haut et fort, d'autres qui brillent de mille feux sous les néons média-tiques. Certains font essentiellement dans l'affectif. D'autres, enfin, drapés dans la discré-tion et la mesure, font le métier, sans rechercher le flash des caméras, Serge Romano appartient justement à cette dernière communauté. « Entraîneur, c'est aussi être un meneur d'hommes. Mais je fais plutôt dans la douceur. Je me définis plus comme un analytique. » Discret, l'homme n'est pas non plus un tanneur, puisqu'il ne dédaigne pas communiquer ou échanger. Simplement, ce n'est pas son tempérament de s'afficher dans les médias. Ses commentaires, Romano les réserve à ses joueurs. En priorité « Je n'aime pas la flambe, mais j'apprécie la reconnaissance du travail, » Rigoureux dans son travail au quotidien, méthodique, l'ancien élève d'Alain Perrin est un homme organisé, qui ne laisse rien au hasard. Joueur, il était au service exclusif de son club et de ses partenaires. Son Tempérament n'a guère changé depuis qu'il s'est assis sur un banc. Joueur, je courais pour les autres », rappelle-t-il. Désormais, il est un entraîneur totalement dévolu au CS Selon Ardennes. impliqué, mais qui arrivera en fin de contrat en juin 2006. « Arrivera ce qui arrivera, naturelle-ment. Pour l'heure, on essaie de donner cette identité club aux joueurs

TACTIQUE

Casoni, l'ambitieux.
Forcément, l'ancien joueur de l'OM n'a pas oublié ses années de com-battant, son passage de deux saisons en Deu-xième Division avec Marseille, ses observations lors de sa période d'inactivité, où il est allé à droite et à gauche ». Il sait donc que le football e haut niveau est avant tout un combat phy-sique ». Casoni a donc préparé son équipe à ses joutes brutales et intenses, aux duels âpres et souvent sans finesse. D'entrée, Bastia, pourtant absent de ce Championnat depuis une dizaine d'années, était donc dans l'esprit quand Istres et Caen, qui y végétaient un an plus tôt, mettaient du temps à se réacclimater. Mais Casoni sait que la, qualité de son effectif permet d'être plus ambitieux dans le jeu. Avec des talents comme Camadini, André, Meslin ou Gomez, Bastia et son 4-4-2 classique peuvent se démarquer de la concurrence. Les équipes de L2 sont de plus en plus organisées. Alors, on doit être au niveau physiquement avant de faire la différence avec nos qualités techniques. » Un dosage délicat compliqué à trouver, comme l'ont constaté les Corses il y a quelques semaines. Casoni avait décidé de s'aventurer plus avant sur le chemin du beau jeu et a dû rapidement tourner les talons. La première place nous a fait du mal, on s'est enflammés. II nous a fallu redescendre sur terre. On pensait qu'en jouant seulement au football, ça suerait. Mais, quand on ne respecte pas le foot, il vous le fait payer. Pour bien jouer, il faut du combat physique avant tout. Aller au charbon. » Ainsi réveillé et rééquilibré, Bastia s'est remis à gagner et à régner. Il sait que c'est cette route qui mène à la Ligue 1.

Romano le pragmatique
5-2-3 efficace qui mise beaucoup sur l'organisa-tion défensive, la récupération du ballon très bas, puis des attaques placées rapides, Serge Romano fait appel essentiellement à l'intelli-gence de jeu. Il faut savoir s'adapter à l'adver-saire. Depuis la saison passée, on essaie de chan-ger les comportements des joueurs, de faire plus appel à leur polyvalence. Certains joueurs n'avaient pas cette culture-là, l'an dernier. La méthode que nous avons mise en place a néces-sité quatre mois d'assimilation. A côté de ça, il faut des résultats. On a beaucoup progressé depuis, les joueurs sont plus mûrs dans l'approche des matches, moins fébriles que l'an passé. Il y a eu une vraie prise de conscience par rapport à leurs responsabilités. L'an dernier, ils assumaient les choses, mais c'était plus un poids, une contrainte. On a travaillé sur cet aspect au plan psychologique, collectivement et individuellement. On essaie en fait d'apporter une plus value par rapport aux joueurs. » Bref, Romano n’est pas exactement un technicien frileux, et le parcours en Coupe de France a contribué à libérer son groupe, désormais reconnu pour an allant offensif et sa vitesse d'exécution. encore lui fallait-il ingurgiter, puis assimiler la stratégie de son entraîneur.

ADVERSAIRE DU JOUR

Casoni dédramatise.
« Sedan, c'est une valeur sûre de L2. Un club qui a des structures, qui tient la route. Sauf incident, cette équipe jouera la montée. » Evidemment, le match en retard de ce mardi intéresse Casoni dans la perspective d'apposer la patte sur le podium. Une victoire face à cette équipe permettrait à l'entraîneur des Corses d'assommer la concurrence et d'installer son équipe confortablement en tête. Définitivement ? Ce n'est pas la fin de la saison , quand même ! Cela dit, si on gagne, on creusera un écart intéressant. On tapera du poing sur la table. Psychologiquement, c'est important. Mais il reste encore pas mal de chemin. » Casoni sait Sedan dangereux à l'extérieur, où les Ardennais n'ont perdu que deux fois. Voilà pourquoi il respecte » cet adversaire et son entraîneur, qu'il a croisé en tant qu'entraîneur et en tant que coach. « Serge Romano, c'est un bosseur comme il y en a beaucoup en Ligue 2. On sent que son équipe est bien organisée. Elle est dans la continuité de l'année dernière, avec, en plus, une réelle efficacité cette saison. »

Romano se méfie.
Mardi, ils se croiseront sur un banc pour la toute première fois. Romano et Casoni ne sont pourtant pas des inconnus l'un pour l'autre, comme le confirme le coach arden-nais : « Avec Bernard, on se connaît un peu. On s'est affrontés souvent par clubs interposés, avant de se retrouver au passage du DEPF, il y a quelques années. Il est avivé à Bastia à point nommé. Il a amené au club, qui descend de L1, son côté combatif, il a su le mettre en garde contre tout relâchement. C'est un meneur d'hommes qui sait transmettre, et n'a pas peur de rentrer dedans quand le besoin s'en fait sen-tir. » Sedan non plus n'a pas peur. Romano et les siens savent que leur rêve passe par un bon com-portement en Corse. « La saison passée, il ne nous a pas manqué grand-chose pour monter, et la Coupe de France nous a procuré de bons moments. Cette année, on va essayer de faire la même chose. Cette expérience constitue un ter-reau fertile pour la saison en cours. Aujourd'hui, tout le monde veut monter. Certains le disent tout haut, d'autres le pensent. Nous, on l'avait dit l'an dernier, pourquoi cela changerait-il?))

Méfie toi anto, là on est limite violation du copyright. Ce n'estpas un quitidien mais un hebdomadaire donc tu devrais t'abstenir de publier avant la semaine prochaine.

A moins de l'avoir trouvé sur internet